Esther Benbassa, sénatrice (Europe écologie les Verts) du Val-de-Marne depuis 2011, vient de vendre sa villa aultoise (littoral de la Somme). La sénatrice juge la ville «insalubre» et «en déclin»
“Je possède à Ault une maison depuis 23 ans, j’y venais chaque année. Mais je viens de vendre la maison. Je suis découragée de l’état général de la ville, devenue une sorte d’espace lunaire. Les maisons sont en pleine décadence, les commerces de moins en moins nombreux.
On n’a pas su faire d’Ault une zone de villégiature pour les classes moyennes et moyennes supérieures. Nous étions tous prêts à faire venir nos réseaux. Nous payons nos taxes locales, et pas mal d’ailleurs, mais nous sommes toujours des étrangers.
On a donné des permis de construire à n’importe quoi ici, des hangars, des huttes qui enlaidissent la ville devenue un peu « trash ». Exemple : toutes les habitations ne sont pas raccordées au tout-à-l’égout. Les canalisations sont bouchées, vétustes et avec la chaleur, cet été, des odeurs nauséabondes remontaient des WC. Lors des fortes pluies, nous voyons du papier toilette et des excréments dévaler avec les torrents d’eau ! La ville est insalubre !
À Ault, on se dit pauvre. Mais plusieurs villes du littoral ensemble peuvent monter un projet européen pour sauver le littoral. C’est compliqué, mais des sociétés spécialisées existent pour cela. Mais les gens sont plongés dans une sorte de désespoir, [la mairie] manque d’ambition depuis plusieurs mandats.
Chaque année, la ville est un peu plus en déclin. L’ambiance s’en ressent ; oui, les gens ne sont majoritairement pas aimables. La quasi-totalité de la population est composée de retraités et de RMistes. Le camping d’Onival est dégradé et triste. Il n’a pas évolué.
Il n’y a jamais eu de défense du patrimoine ! Les étrangers ne sont pas encouragés à s’installer, de même pour les commerces. Ici, nous avons une belle vue, une grande plage, une lumière et on a transformé la ville en village abandonné. Il faut lui donner du caractère en conservant son authenticité.
En tant que sénatrice Europe écologie les verts (EELV), je ne tolère pas l’autodestruction qui se met en place. En regardant les plans, on voit bien que l’on peut faire quelque chose.
Je n’ai rien contre les gens d’ici, mais le problème c’est qu’on ne veut pas de quelque chose de nouveau. Il n’y a pas d’ouverture vers l’extérieur, le vrai problème est endogamique.
Courrier Picard
La ville insalubre en question :