La République centrafricaine ( RCA) a annoncé un plan de riposte d’un an pour prévenir le virus Ebola, estimant plus de 814 millions de francs CFA (1,6 million de dollars américains) seront nécessaires pour contrer la maladie qui touche désromais six pays africains, dont la République démocratique du Congo (RDC) voisine, ont indiqué lundi les autorités de transition centrafricaines, un gros défi pour un pays en crise.
D’une population estimée à quelque 4,6 millions d’habitants,
la RCA est un pays où le virus d’Ebola circule, des génomes ayant été identifiés par des chercheurs chez des animaux tels que les rats, les chauves-souris, les singes ou encore les sibissis.
Les facteurs d’émergence de l’épidémie ne sont cependant pas encore réunies, à en croire le Dr Emmanuel Nakouné-Yandoko de l’ Institut Pasteur de Bangui.
Pour cette raison, d’après le chercheur, en 23 épidémies enregistrées depuis la première apparition en 1976 en RDC conjointe avec le Soudan, aucun cas humain n’a jamais été rapporté.
Cet argument ne suffit pour autant pas à dissiper les inquiétudes. “Le temps est à la vigilance face à cette grave fièvre hémorragique à virus Ebola qui sévit en Afrique”, a souligné lundi à Bangui Mahamat Kamoun, le nouveau Premier ministre du gouvernement d’union nationale et de transition, lors d’une réunion d’information et de plaidoyer en faveur du plan de contingence de riposte contre la maladie.
Pour les autorités de Bangui, la menace est grande du fait de la “forte mobilité des populations” d’Afrique centrale.
La Centrafrique partage une longue frontière fluviale d’environ 2.000 km, avec la RDC, qui a annoncé des cas d’Ebola la semaine dernière, a rappelé le Premier ministre.
C’est ce qui justifie le plan de contingence présenté en présence de partenaires internationaux au rang desquels l’ Organisation mondiale de la santé (OMS) et destiné aussi à empêcher l’importation des épidémies mortelles.
D’un coût de 814 millions de francs CFA (environ 1,7 million de dollars américains), cette stratégie étalée sur un an met l’ accent sur le renforcement de la surveillance épidémiologique déjà concrétisée par la mise en place d’un dispositif de contrôle sanitaire comprenant 6 points focaux pour l’ensemble des 8 arrondissements de Bangui et 30 retenus le long de la frontière avec la RDC.
Pour le visiteur nouvellement débarqué dans la capitale par voie aérienne, ce système est visible à
l’aéroport international de Bangui M’Poko, protégé par des soldats de la force européenne Eufor, où un contrôle sanitaire est effectué par thermomètre laser.
Les axes d’intervention intègrent aussi un système de notification immédiate pour les maladies à potentiel épidémique et un système d’alerte précoce de la maladie à virus Ebola pour l’ heure circonscrit à Bangui et ses environs, selon les responsables du ministère de la Santé et de la Population.
Grâce à ces dispositions prises, la RCA déclare s’être équipée en kits de protection individuelle et de traitement de base pour la gestion d’éventuels cas de contamination. Huit sites d’ isolement ont été à cet effet mis en place.
Les autorités sanitaires dressent un rapport de 16 suspects testés en provenance des pays touchés par la terrible maladie parmi lesquels 14 ont été déclarés négatifs et les deux autres sont en cours de diagnostic.
Quoique flatteurs, comme l’a observé le Premier ministre, ces efforts cachent mal nombre de contraintes à surmonter par
un système de santé qu’ont “profondément affecté et désorganisé” des crises politico-militaires récurrentes, au point que, ajouté à l’ abandon de postes de personnel, “près de 50% des formations sanitaires ne sont pas professionnelles”.
En résumé, la RCA vit un contexte de fragilité caractérisé par l’insuffisance d’équipements de protection pour les postes de contrôle sanitaire, de personnel de santé, de ressources pour la formation du personnel, l’insécurité dans une partie de son territoire accompagnée du pillage des moyens roulants des responsables sanitaires, etc.,d’après le ministère de la Santé et de la Population.
Dans l’incapacité de se financer, le gouvernement n’a pu mobiliser lui-même que près de 75 millions de francs CFA (150.000 dollars américains)
et compte sur ses partenaires extérieurs pour l’aider à mobiliser le reste du budget de 814 millions de francs du plan de contingence
de la riposte contre la maladie à virus Ebola.