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Une sirène retentit. De la fumée jaillit. Cinq hommes, masque à gaz sur la tête, apparaissent sur la scène. Puissantes, intenses, les premières notes de musique retentissent dans l’obscurité surchauffée du Back Up, une boîte de nuit parisienne.
Dans la foule éclatent quelques pogos ; des femmes grimpent sur l’estrade pour mieux se laisser tomber. Déjà en sueur, les chanteurs d’In Memoriam, groupe de rock identitaire, déclament au micro : « Une nation violée au cœur du monde occidental/Méritait d’être soutenue par la jeunesse nationale/C’est bien pour ça qu’on s’est envolé en terre yougoslave/[…] Ce ne sont pas des soldats qu’ils massacrent, mais des enfants et des femmes […]/Aujourd’hui la Serbie, demain la Seine-Saint-Denis. » La référence ne date pas d’hier mais de 1999, de la guerre du Kosovo et des bombardements de l’Otan sur Belgrade – bombardements sous lesquels avait joué le groupe, en soutien à la cause serbe. Mais à peine vieillie par douze années d’absence, la tribu s’est reformée le 28 juin dernier. Elle aurait eu tort de s’en priver : surchauffée par l’attente, la salle est pleine. Pleine d’une foule bigarrée, où des jeunes, cheveux très courts, biceps gonflés, côtoient trois mioches de 10 ans et leur Versaillaise de mère égarée.

Mais après seulement deux chansons, c’est l’alerte à la bombe ! « Les gars, nos petits copains gauchistes ont décidé de s’inviter à la fête », ricane le meneur du groupe, qui invite les quelque 300 militants-spectateurs à sortir dans le calme. Tous s’exécutent et passent bientôt de l’obscurité à la lumière… Fausse alerte : le concert reprendra peu de temps après. Mais l’image de cette reprise est trompeuse : depuis une dizaine d’années, la musique contestataire et politiquement engagée a disparu, au moins publiquement, de la scène musicale française…
(…) Marianne

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