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[Précédente diffusion : mai 2013] Extrait de Eric Werner – De l’extermination, Editions Thael – 1993.
« On croit que l’insécurité est toujours et néces­sai­re­ment une calamité. C’est une vue trop étroi­te du problème. L’insécurité joue un rôle important dans le maintien de la stabilité du système. L’insécurité concourt à dé­mo­raliser les populations, à les convaincre de la va­nité qu’il y aurait à vouloir s’opposer au « sens de l’histoire»  (tel que le définissent les autorités).

L’insécurité a une fonc­tion rééducative : elle réduit les individus à l’impuissance et  les met dans l’incapacité de rien entreprendre contre la no­menklatura en place.

C’est un instrument efficace de contrôle so­cial. On lui est redevable de soustraire les autorités aux désa­gré­ments liés à une contestation ve­nue de la base.
On comprend dès lors le soin tout particulier que les autorités mett­ent à laisser se développer l’insécurité. Elles ne disent na­turellement pas qu’elles sont pour, mais elles s’emploient à la favoriser discrètement.

L’in­sécurité a une autre fonction péda­go­gi­que : celle d’habituer progressivement les populations à l’ab­sence de droit.

La croyance en l’existence du droit n’a de sens que dans un Etat de droit.
Dans un Etat qui n’est pas de droit, ou l’est de moins en moins, la croyance dans le droit perd évidemment tou­te raison d’être. A la limite même, elle passe pour sub­versive.»
Éric Werner, philosophe suisse, a écrit plusieurs essais sur le système politique contemporain et la religion. Vidéo d’interview ici
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