La famille Atlan fait partie des quelque 430 Juifs français qui ont immigré en Israël à la mi-juillet, une semaine après le début du conflit à Gaza. Le frère de Philippe – le mari de Sigalit – et sa famille, ainsi que plusieurs amis du couple, ont pris le même avion. Comme les Atlan, beaucoup de ces nouveaux arrivants ont choisi de s’installer à Ashdod, sur la côte, à une quarantaine de kilomètres au nord de la bande de Gaza, une proximité qui fait de ce port une cible de choix pour les roquettes du Hamas.
La plupart des nouveaux immigrants affirment que l’antisémitisme n’est pas la principale raison de leur départ. “Nous voulions partir depuis longtemps”, explique Sigalit, qui est née en Israël et a suivi sa famille en France à l’adolescence. “Il y a quelques années, nos garçons ont fait un séjour d’études ici et ils voulaient revenir. Nous venions souvent et à chaque fois, c’était comme un retour au sein maternel.”
Selon les chiffres de l’Agence juive, quelque 4 000 Juifs français [sur un total de près de 500 000] ont immigré en Israël au cours des huit premiers mois de 2014, un chiffre supérieur à celui de 2013 et qui devrait excéder 5 000 d’ici à la fin de l’année. Pierre Besnainou, ancien président du Congrès juif européen, est venu s’installer en Israël il y a quatre mois. Selon lui, le rôle de l’antisémitisme dans la récente vague d’immigration est très exagéré. “Si l’on regarde les chiffres, on s’aperçoit qu’en 2013 le nombre d’incidents antisémites en France a en fait baissé de 30 % par rapport à celui de l’année précédente”, souligne-t-il en expliquant que beaucoup des Juifs français qui arrivent aujourd’hui en Israël ont pris leur décision il y a des mois, voire des années. “La principale motivation des nouveaux immigrants est le sionisme. La communauté juive française est la plus sioniste d’Europe, et peut-être même du monde.”
Education religieuse. Un autre facteur qui distingue les Juifs français et qui rend leur départ plus facile, indique Pierre Besnainou, est qu’ils ne se sentent pas particulièrement enracinés dans leur pays. “Plus de 70 % des Juifs de France sont des immigrés nord-africains qui sont arrivés au cours des cinquante dernières années. Une large majorité d’entre eux ont donc encore l’impression d’être en transit”, explique-t-il.
La mauvaise conjoncture économique française a également joué un rôle, en poussant beaucoup de jeunes à chercher un nouvel emploi et une meilleure qualité de vie en Israël. Un autre facteur économique, moins invoqué pour des raisons évidentes, est la crainte des Juifs français de voir les comptes bancaires et les biens (essentiellement immobiliers) qu’ils possèdent en Israël déclarés aux autorités françaises, conformément aux nouveaux règlements de l’OCDE. Prendre la nationalité israélienne (sans avoir forcément l’intention de vivre en Israël) est devenu pour beaucoup un moyen d’éviter une imposition plus lourde en France….
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