Elle est jeune, photogénique, intelligente, bonne élève. Assez pour expliquer une carrière fulgurante qui la propulse aujourd’hui au ministère de l’Education, poste à la fois prestigieux et dangereux? Coulisses d’une ascension.
L’immense porte-fenêtre du bureau de la ministre, grande ouverte sur le jardin, laisse passer une légère brise sur cet après-midi du 5 septembre. Najat Vallaud-Belkacem inspire un peu d’air frais. Nommée ministre de l’Education nationale à la veille de la rentrée des classes, voilà dix jours qu’elle est sur le pont. Elle aurait besoin de souffler…
Et, à l’issue d’une semaine de cauchemar pour le président de la République, elle affiche cette assurance naturelle que des années de porte-parolat lui ont donnée, nous certifiant que François Hollande s’en sortira. Le chef de l’Etat est “honnête, ouvert, solide”, récite la bonne élève, aussi sérieuse que ces tailleurs qu’elle agrémente, de temps en temps, d’un chemisier à fleurs. “Un choix vestimentaire destiné à lui donner quelques années de plus et à assurer une forme de crédibilité”, analyse un proche.
Pour l’heure, n’a pas trop de soucis à se faire. Elle est désormais la personnalité de gauche préférée des Français. Et si son sigle, “NVB”, n’a pas encore atteint la notoriété de “NKM”, sa cote de popularité, elle, grimpe encore ces jours-ci. A l’université d’été du PS à La Rochelle, le vibrant hommage de Manuel Valls vantant ses compétences, son travail et son engagement lui vaut une longue ovation des militants, alors qu’elle ne compte pas d’amitiés particulières au sein du parti. Ni de véritables ennemis, d’ailleurs.
Les attaques de l’extrême droite la protègent relativement contre les critiques à l’intérieur du PS. Son ascension spectaculaire suscite tout de même quelques commentaires acerbes. “A force de fayoter, elle est parvenue à ses fins”, commente un poids lourd du parti. Lors de son premier Conseil des ministres avec le portefeuille de l’Education, le 27 août, elle se lance dans un propos liminaire pour remercier François Hollande. Elle en fait beaucoup, trop, estiment certains.
“Jeune, femme et très photogénique ; pour François Hollande, cela suffit”, tacle un autre. “Najat, c’est la bien-pensance en action. Après deux ans de porte-parolat, elle peut tout dire dans un sens et dans un autre”, persifle un ancien membre de cabinet du gouvernement Ayrault. Sa promotion éclair, il est vrai, interpelle. Najat Vallaud-Belkacem n’appartient à aucun courant, elle n’est pas une fidèle historique de François Hollande, qu’elle a véritablement découvert pendant la campagne électorale, elle ne peut revendiquer sur son nom qu’une élection cantonale, à Montchat, dans le IIIe arrondissement de Lyon, et elle n’a aucune expertise dans le domaine de l’Education. Alors, pourquoi elle?…..
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