Fdesouche

Témoignage de Célia Sadai, doctorante, critique littéraire sur Rue 89.

Doctorante, elle travaille sur une thèse à l’Université de Paris IV-Sorbonne sur le concept de « citoyen du monde ».

Au cours de la Coupe du monde, Célia Sadai a publiquement soutenu sur Facebook l’équipe d’Algérie, pays dont sont originaires ses parents. Plusieurs personnes de son entourage le lui ont reproché. Elle a donc écrit ce texte pour témoigner du lien particulier qu’entretiennent les «secondes générations» et binationaux à leur pays d’origine.

La Coupe du monde 2014, je l’ai vécue pour la première fois en tant que binationale, ayant acquis récemment la nationalité algérienne. J’ai exprimé mon soutien sur Facebook, j’ai posté la photo du petit fennec.

Il y a deux ans, j’ai demandé officiellement la nationalité algérienne. Ma mère n’a pas compris mon choix, convaincue que cela m’attirerait des problèmes car les Algériens sont «la communauté la plus détestée de France». Ce parcours mené depuis l’adolescence m’avait conduite à devenir algérienne, et non une «algérienne de France».
L’«Algérien de France» c’est une classe sociale qui équivaut à grandir en HLM sans capital culturel et un capital économique acquis à la sueur du front du chef de famille qui bien souvent s’éteindra prématurément pour cause de fatigue de la vie. […] Si la France n’a jamais été un tiers dans ma relation à l’Algérie, c’est parce que je n’ai jamais eu à construire le fait d’être française, alors que je ne suis qu’une algérienne en devenir. Je suis naturellement française et culturellement algérienne. Mais j’ai compris en rédigeant ce texte que je n’en ferai pas un combat. Je ne suis pas une « cause ». Je suis, c’est tout.
rue89.nouvelobs

Fdesouche sur les réseaux sociaux