Extraits d’une tribune de Valérie Igounet, historienne, chercheuse associée à l’Institut d’histoire du temps présent (CNRS), sur a formation des cadres au Front national.
Cela fait un bon moment que l’objectif du Front national est clairement affiché : parvenir au pouvoir. Dans cette perspective, le parti d’extrême droite doit revêtir les habits d’un interlocuteur présentable ainsi qu’exiger un travail de fond sur ses idées… En somme, être crédible et rassurer pour gagner de nouveaux électeurs.
Depuis 2011, le parti de Marine Le Pen pourrait être comparé à une entreprise de reconstruction, ayant connu pendant la décennie antérieure une période de crise électorale, militante et financière. Aujourd’hui, le Front national revendique plus de 70 000 adhérents. Une bonne partie d’entre eux sont jeunes, inexpérimentés en politique, comme le sont la plupart des cadres du FN. […]
La création de think tanks et de collectifs présentés comme des cercles de réflexion met au jour la pénétration du FN dans certains milieux de la société civile où le parti n’est pas – ou peu – représenté. Elle est consubstantielle à un élargissement du discours frontiste et à son adaptation au contexte. D’où le collectif Racine, présenté comme un groupement d’enseignants «patriotes portant les valeurs républicaines», qui se fixe pour objectif le redressement de l’école de la République. […]
Après plus de quarante années d’existence politique, le FN affiche et assume son ambition d’aller seul au pouvoir. D’un vote protestataire, le vote FN serait-il en train de passer à un vote d’adhésion «assumé, plein d’espoir» ?
Le Monde