Le Brésil compte 3,5 millions d’hectares d’eucalyptus, utilisés surtout dans la production de pâte à papier. Mais, pour gagner en rendement, le pays se préparerait à commercialiser une variété génétiquement modifiée.
Le Brésil pourrait bientôt planter des eucalyptus génétiquement modifiés sur des millions d’hectares. Les autorités du pays examinent en effet la possibilité d’autoriser la mise sur le marché d’arbres fonctionnant avec un accélérateur de croissance qui leur permettrait de produire 20 % de bois en plus, tout en arrivant plus vite à maturité, indique la revue scientifique Nature. Une audience publique était prévue ce 4 septembre.
Au Brésil, on pratique la culture intensive de cet arbre, originaire d’Australie : 3,5 millions d’hectares sont recouverts d’eucalyptus destinés à la papeterie. Le pays envisage donc l’adoption d’une essence à croissance rapide, développée par la société israélienne FuturaGene.
Cette entreprise de biotechnologie, rachetée en 2010 par la société brésilienne Suzano Pulp and Paper, l’un des plus grands producteurs mondiaux de pâte à papier à base d’eucalyptus, a isolé une protéine spécifique, qui permet d’accélérer considérablement la croissance des végétaux. Une propriété qui intéresse toute l’industrie du papier.
Le Brésil montre la voie
C’est précisément ce qui est en jeu ici, rappelle Nature. Si le Brésil approuve l’utilisation de cette espèce, le reste du monde suivra. Et les 20 millions d’hectares d’eucalyptus plantés sur la ceinture tropicale et subtropicale de la planète basculeront rapidement dans le monde des OGM. “Cela aura un effet d’entraînement mondial”, affirme dans le journal le Pr Zander Myburg, de l’université de Pretoria. “Tout le monde est attentif à ce que va faire le Brésil.”
Stanley Hirsch, le directeur de FuturaGene, est quant à lui prompt à rappeler les bénéfices de son accélérateur de croissance. Il augmenterait l’absorption du CO2 de 12 %, affirme-t-il, ce qui permet de lutter contre le changement climatique. Un discours qui fleure bon le greenwashing, déplore Anne Petermann, directrice de l’ONG américaine Global Justice Ecology Project. Elle a signé, avec les représentants de 259 autres associations, une lettre ouverte demandant aux autorités brésiliennes de ne pas autoriser ces plants transgéniques. La décision devrait être prise avant la fin de l’année.