Un député du Front pour la justice et le développement (FJD) d’obédience islamiste a mis les pieds dans le plat sur l’épineux dossier des immigrants clandestins dans une question orale, ce dimanche, à l’Assemblée populaire nationale (Apn) au Premier ministre, M. Sellal. Avec un langage cru, sans détour, peu diplomatique, voire choquant pour un peuple comme le nôtre qui n’ignore rien de la difficile condition de réfugié et de la détresse humaine pour les avoir vécues durant la Révolution.
Le député Lakhdar Benkhellaf a exprimé son inquiétude face au déferlement des immigrés clandestins africains et arabes, syriens particulièrement, avec femmes et enfants, sur notre pays, interpellant le gouvernement afin de mettre en place un dispositif d’accueil et de contrôle rigoureux pour ces naufragés de la guerre et de la faim. Le député islamiste n’a fait qu’exprimer tout haut ce que toute la classe politique, voire le commun des Algériens pensent tout bas pour des raisons qui tiennent à la fois aux valeurs d’humanisme, de solidarité, de politique de bon voisinage et autres traditions séculaires de soutien sans faille de l’Algérie aux peuples qui souffrent.
Mais c’est l’argumentaire sur lequel s’est appuyé le parlementaire, connu par ailleurs pour son franc-parler et son penchant polémiste pour soutenir son plaidoyer, qui pourrait faire l’objet d’interprétations qui n’honorent ni son auteur ni l’Algérie. Même si le député n’a fait que rappeler des vérités en attirant l’attention des autorités sur la propagation des maladies et l’insécurité que pourrait générer inévitablement une immigration massive et non contrôlée, l’Algérien sait d’où il vient pour avoir vécu des situations similaires de déshérence durant la longue nuit coloniale pour ne pas compatir à la détresse de ces femmes et enfants qui accostent dans nos rues passants et automobilistes pour une pièce de monnaie.
Mais d’un autre côté, il faut bien l’avouer, la politique de l’autruche qui confine à l’inaction face à un problème de fond de sécurité nationale ne sert ni les intérêts stratégiques de l’Algérie ni ceux des hôtes étrangers d’infortune qui, poussés par des nécessités de survie, sollicitent l’aide et l’hospitalité traditionnelles de l’Algérie. Sans aller jusqu’à redouter l’apparition d’un sentiment raciste -une idéologie étrangère à nos valeurs et culture- même de façon isolée, il demeure que des actes et comportements hostiles à la présence de ces immigrés clandestins pourraient survenir si la situation n’est pas rapidement et sérieusement prise en main par les pouvoirs publics.
Le même député du FJD a jeté, à cet égard, un gros pavé dans la mare en demandant des clarifications au gouvernement sur la décision prise de délivrer sans condition des cartes de séjour et des permis de travail aux réfugiés maliens et syriens, craignant que cette mesure n’encourage de nouveaux candidats à l’immigration illégale, toujours plus nombreux à vouloir s’exiler en Algérie. Un discours nouveau et politiquement dangereux alimenté par l’absence totale de visibilité entourant ce dossier sensible est déjà en train de se développer dans certains milieux. Lorsque des voix s’élèvent, à l’instar de celle de M. Benkhellaf, réclamant la préférence nationale dans l’accès à l’emploi, la menace sur la cohésion nationale est-elle à prendre au sérieux ? Ou bien alors, serait-ce -ironie du sort- l’Algérie qui se «lepénise» par la faute de la mauvaise gouvernance du pays ?
Merci à ranelagh