Extraits d’un entretien avec Marc Knobel, Directeur des Études du CRIF, à propos du colloque «Apaiser la société pour mieux vivre ensemble ?» qui a lieu le 17 septembre à l’Espace Rachi.
Comment cette thématique s’est-elle imposée à vous ?
Au CRIF, la thématique du «vivre ensemble» est une préoccupation de chaque instant, à travers l’action et les échanges avec l’ensemble des corps constitués de la société civile. […]
Après Carpentras, 1 million de personnes sont descendues dans la rue ; après la mort d’Ilan Halimi, 200 personnes étaient rassemblées à Bagneux… cela pose un problème pour notre société…
Alors, concrètement comment apaiser la société ?
Est-ce que la recette consisterait à respecter un certain nombre de règles et de valeurs ? Faut-il seulement engager un dialogue et espérer pouvoir vivre dans une société apaiser ? Parler de fraternité a-t-il encore un sens ?
Ce ne sont pas que les Juifs qui sont menacés, mais toute la France.
N’est-ce pas déjà trop tard ? Ne sommes-nous pas déjà dépasser par le mouvement qui est en marche ?
Il existe un antisémitisme conjoncturel qui fait face à celui exprimé à certains endroits de la société, chez ces jeunes élevés avec des stéréotypes, qui posent sur la société un regard empli de frustrations et qui emploient des alibis pour exprimer leur haine. Pour cet antisémitisme structurel, il n’y a pas de recette, il dépasse l’entendement. En 1980, je n’aurai jamais pu imaginer voir des synagogues agressées, des enfants assassinés dans une école. Nous sommes confrontés à une réalité qui prouve que l’antisémitisme sait se recycler, dénominateur commun à tous les frustrés. Lutter contre lui est extrêmement difficile. Les Juifs ne sont que la partie visible de l’iceberg, alors que la République, la France et même l’ensemble du monde occidental sont en danger. Je regrette qu’il n’y ait pas suffisamment de solidarité et de compréhension autour de ces violences. […]