Voisin du terrain, Albert Chennouf-Meyer, père d’un militaire tué par Mohamed Merah, y voyait une “provocation”. A Manduel (Gard), le projet de mosquée est stoppé.
Mardi soir, Jean-Jacques Granat, maire de Manduel, a officiellement pris position contre le projet de construction de mosquée, chemin de la Treille à Manduel. Il avait été sollicité par des habitants du quartier qui s’étonnaient du projet se développant sans aucune communication. Un voisin du site d’implantation du projet, Albert Chennouf-Meyer, avait découvert près de chez lui la pancarte annonçant des travaux pour la création de locaux commerciaux et d’un lieu de culte. “Un projet de mosquée”, explique cet habitant de Manduel qui s’inquiète, comme d’autres voisins, de ce projet dont personne n’a été informé.
Si Albert Chennouf-Meyer a réagi très vivement à cette annonce, c’est qu’il est le père d’Abel Chennouf, militaire tué le 15 mars 2012 par Mohamed Merah, à Montauban.
“À titre personnel, je vis très mal la chose ayant perdu mon fils, assassiné par un terroriste se réclamant de l’islam, explique Albert Chennouf. Vous comprendrez que lorsque j’apprends qu’une mosquée pourrait se construire en face de mon domicile, je le vive comme une provocation.”
Au-delà de sa douleur, le riverain s’inquiète également de la légalité du projet. Un projet qui est toujours à l’instruction. “Car le propriétaire du terrain a agi un peu vite en besogne en annonçant un permis de construire délivré le 25 août. En réalité, il s’agit du dépôt de la demande de permis en mairie”, explique Albert Chennouf-Meyer.
La pancarte a d’ailleurs été retirée, mais cela n’a pas empêché les riverains de se constituer en association. “Nous avons créé l’association La Treille paisible lundi 15 septembre en préfecture. Le projet prévoit la construction de ce lieu de culte chemin de la Treille. Et “paisible”, car notre lotissement l’est et doit le rester !” Le propriétaire du terrain est le gérant d’une société de Manduel. Il ne répond pas aux sollicitations téléphoniques répétées de Midi Libre, tout comme il est resté sourd aux souhaits du maire de le rencontrer.
Jean-Jacques Granat a des arguments administratifs pour s’opposer au dossier. Il annonce : “Nous allons engager une action en justice pour obtenir l’annulation de la vente du terrain.” Il s’appuie sur le fait que le terrain et le hangar ont été l’objet d’une vente sans que l’étude notariale ait transmis le dossier en mairie, alors que celle-ci pouvait faire valoir son droit de préemption. Si l’annulation est obtenue, la mairie exercera ce droit pour réaliser un équipement public conforme au règlement de la zone. Dans l’attente du jugement, la mairie s’oppose à l’exploitation d’un établissement recevant du public, quel qu’il soit. “La position du maire est rassurante, commente Albert Chennouf-Meyer. On restera vigilants…”