La “Near field communication” ou, en français, la “Communication en champ proche”, voilà une notion avec laquelle nous allons devoir nous familiariser. Déjà présente dans notre quotidien via les cartes bancaires “sans contact”, elle prendra d’assaut l’ensemble des smartphones. Le plus populaire d’entre eux, l’iPhone, dont le sixième du nom vient tout juste d’être présenté, est équipé de cette technologie. Cette “avancée” va reléguer à terme pièces et billets au rang des antiquités.
D’un côté un téléphone, de l’autre un portefeuille rempli de cartes bancaires. Au centre, Tim Cook, le PDG de la marque à la pomme, qui a la volonté avec Apple Pay de faire triompher le premier au profit des secondes. Une « révolution » en marche qui menace clairement la bonne vieille carte bleue et devrait sonner le glas des espèces dans un futur proche.
En France, si l’idée de la disparition du cash n’est pas évoquée publiquement, en coulisses on s’active. Les grandes banques françaises se préparent à cette transition, un cadre d’un de ses établissements, l’assure à Marianne : « Dans leurs nouvelles configurations, les banques disposeront de moins de distributeurs automatiques de billets. Elles cherchent à réduire le coup de maintenance des appareils et de l’approvisionnement de ceux-ci. Toutes les banques sont d’accord sur le principe que l’argent liquide va disparaître, c’est une question de temps… ».
En Suède, la question ne se pose plus, certaines établissements bancaires ont déjà cessé de distribuer du liquide et les bus n’acceptent d’ailleurs plus le règlement en espèces. Les Suédois auraient-ils encore un coup d’avance ? Rappelons que ce furent les premiers à mettre les billets de banque en circulation en 1661.
Autre pays nordique, la Norvège qui selon une étude réalisée par Finans Norge, un groupe qui représente 200 établissements financiers et prévoit la disparition du cash en 2020 dans ce pays où l’argent liquide ne représente déjà plus que 5 % des transactions. Thibault de Dreuille, délégué général de l’AFSCM (l’Association française du sans-contact mobile), explique que « les projections montrent que 55 % des paiements en espèces seront remplacés par des paiements par carte et mobiles sans contact en 2020 ».
Même refrain en Israël, pays le plus avancé sur la question puisqu’il pourrait être le premier à mettre un terme à la circulation du cash sur son territoire. Benjamin Netanyahou, le Premier ministre, a formé fin mai dernier une commission pour réduire à néant les transactions en espèces. Principalement, pour lutter contre la fraude fiscale et l’économie souterraine qui représenterait 20 % du PIB israélien. L’Union européenne incite d’ailleurs l’ensemble des Etats-membres à comptabiliser les revenus issus de la prostitution et du trafic de drogues dans son PIB, ce que la France se refuse à faire. Supprimer le liquide permettrait d’y voir plus clair même si cela ne représente en aucun cas une solution miracle. Pis, la suppression du cash impliquerait d’avoir l’ensemble de son argent à la banque, ce qui — soit dit en passant — n’est pas la meilleure assurance.
Derrière la fin du paiement en liquide se cache donc la technologie NFC. Une mutation qui sera favorisée par l’émergence des terminaux « sans contact ». Pour l’heure, 20 % des commerces en sont équipés en France et notamment les grandes chaines. D’ici la fin de l’année Thibault de Dreuille annonce que ce chiffre devrait « atteindre les 30% » et « 100% en 2020 ». La plupart des grandes banques proposent déjà des cartes NFC (23 millions sont en circulation en France). Si bien que, si cette pratique est encore peu courante, ce n’est plus qu’une question de temps…
Mais ce qui a été annoncé insidieusement par Apple, c’est bien la fin des cartes bleus sous leur forme physique. D’ailleurs la société Visa l’a bien compris en se positionnement très franchement sur le marché mobile. « En 2020, nous espérons que la moitié des transactions Visa se fassent avec un téléphone », assure Conor Langford, vice-Président de Visa Irlande.
Le vrai problème reste la sécurité. En 2011, Renaud Lifchitz, ingénieur sécurité chez British Telecom a démontré qu’avec un système peu onéreux, une carte sans contact peut être piratée en une seconde. La CNIL s’est saisi de la question en 2013 mais il est toujours possible pour le pirate de récupérer les données des cartes sans contact avec un simple lecteur NFC. Il est par exemple plus simple de pirater ce genre de cartes qu’un Pass Navigo permettant de circuler dans le métro parisien, c’est dire…
La manœuvre pour récupérer les données de téléphone sont certes plus complexes mais celles-ci restent accessibles. « Plutôt que d’utiliser votre vrai numéro de carte, un numéro unique vous est assigné. Il es crypté puis stocké de façon sécurisée sur une puce dédiée dans l’iPhone et l’Apple Watch », promet alors Apple pour vaincre les fraudeurs. En espérant que cela rassure les utilisateurs après la publication des photos nues de stars stockées dans le très sécurisé (lui aussi) Cloud…