Editorial de Laurent Joffrin dans Libération dans lequel il rend hommage aux condamnations des responsables musulmans de l’Etat islamique.
Ils clouent surtout le bec à ceux qui veulent à tout prix – au sein de la droite identitaire principalement – accréditer, à des fins d’exclusion, la fable cent fois controuvée de la «guerre des civilisations» qui opposerait l’islam aux valeurs républicaines, les pays musulmans aux nations occidentales.
Il y a quelque inconvenance à se tourner systématiquement vers les musulmans de France dès qu’un acte terroriste est perpétré par tel ou tel islamiste pour les sommer de le condamner. Comme si ces Français-là étaient par nature suspects d’indulgence envers le fanatisme. Comme si les autorités de l’islam français ne dénonçaient pas, avec une régularité d’horloge, mais dans le silence des médias, les actes violents commis au nom d’une conception dévoyée de leur foi. Pourtant les appels divers publiés par des représentants religieux ou par de simples croyants ces derniers jours sont précieux.
Outre qu’ils sont empreints d’une grande dignité dans la solidarité exprimée par ces Français envers d’autres Français, par ces croyants d’une religion envers les croyants d’autres religions et envers l’humanité, ils ont une double utilité. Ils démontrent d’abord aux jeunes embrigadés dans les milices de la barbarie que l’islam qu’on leur inculque au nom du jihad est une version falsifiée, travestie, manipulée, de la religion musulmane. […]
Alors que les fous de Dieu se battent d’abord contre leurs coreligionnaires. La cruauté sanguinaire du soi-disant «Etat islamique» remplit d’horreur tous les citoyens attachés à un humanisme élémentaire. En premier lieu les musulmans.