Une femme de 21 ans, poursuivie pour avoir proféré des injures à caractère antisémite à l’encontre d’un juif dans un bus, a été condamnée jeudi à Strasbourg à un an de prison dont 9 mois avec sursis et immédiatement incarcérée pour trois mois
La prévenue dont le casier judiciare mentionne trois condamnations avait insulté le passager d’un bus portant la kippa sous prétexte qu’il l’avait regardée «de travers».
Les faits s’étaient produits lundi soir sur une ligne de la Compagnie des Transports strasbourgeois (CTS).
Sous l’emprise de l’alcool, la jeune femme, accompagnée d’une amie, avait soulevé le couvre-chef de la victime, un quadragénaire qui rentrait du travail, le traitant à plusieurs reprises de «sale juif» et lui faisant des doigts d’honneur.
«Toi, de toute façon, je ne t’aime pas. Vous tuez des enfants palestiniens», avait-elle lancé à ce passager. L’agression avait été filmée par une caméra de surveillance.
Témoin de la scène, le conducteur a cherché à faire descendre la jeune femme, avant de recevoir des coups au visage avec une bouteille en plastique et des crachats.
Les deux jeunes femmes avaient pris la fuite avant d’être rapidement interpellées.
En comparution immédiate au tribunal correctionnel de Strasbourg, la jeune femme a dit à la barre avoir agi sous le coup de l’énervement.
«J’étais énervée (…) J’avais l’impression qu’il me regardait de travers», a-t-elle expliqué: «J’en avais rien à faire que c’était un juif. Si cela avait été quelqu’un d’autre cela aurait été pareil».
Le président du tribunal, Jean-Baptiste Poli, a souligné le discours contradictoire de la prévenue, une musulmane préparant un CAP de petite enfance, qui sait l’alcool incompatible avec sa religion.
«Aujourd’hui, on a une banalisation de la parole antisémite, on pourrait penser que ce n’est rien. En France il y a des Juifs, des Arabes, des Noirs, (…) personne ne peut être insulté» par rapport à son origine, a rappelé l’avocate de la victime, Me Séverine Benayoun.
Qualifiant l’agression de «moment de haine» et d’antisémitisme «intolérable», le procureur a requis une peine plancher d’un an d’emprisonnement, dont 10 mois avec sursis et mise à l’epreuve.
La prévenue n’a «visiblement rien appris de ce qui fonde la République française: la notion de respect, de vivre ensemble. Liberté, égalité, fraternité, voilà des choses qu’elle a oubliées», a estimé la représentante du parquet.