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Alain Duhamel imagine ce qui pourrait survenir pour l’élection présidentielle de 2017.

Si éclatait un puissant conflit social type 1995, une dissolution pourrait devenir nécessaire : c’est le rêve de Marine Le Pen. La présidente du FN mène campagne dans cet espoir qui déboucherait sur une cohabitation
luciférienne
entre un président socialiste dépossédé de tout pouvoir, de tout prestige et une droite empêtrée dans les affaires et incapable de rétablir la situation économique et sociale en deux ans ou moins.

En 2012, le duel Hollande – Sarkozy, socialiste contre néogaulliste ou contre néobonapartiste, incarnait les traditions et les rituels de l’élection présidentielle sous la Ve République. En 2017, rien ne prouve qu’il en ira ainsi, tous les schémas deviennent possibles. Avec l’ascension de Marine Le Pen, le match à deux devient un match à trois, et l’impossible ne peut plus être tout à fait exclu. Il existe cette fois un scénario du diable, même s’il demeure encore – pour combien de temps ? – peu vraisemblable. […]

En 2002, la non-qualification de Lionel Jospin avait été une immense surprise et un terrible choc. En 2017, la non-qualification du candidat ou de la candidate socialiste n’étonnerait personne et n’attristerait pas tout le monde. […]

Le pire n’est même pas là. Les sondages créditent actuellement Marine Le Pen de 25% des intentions de vote en chiffres ronds, ce qui lui offre de forte chance de qualification pour le second tour de l’élection présidentielle. Pour le coup, il ne s’agirait plus d’une surprise mais d’une confirmation. L’amertume et le ressentiment nés des échecs successifs de la droite et de la gauche enracinent de plus en plus une extrême droite jouant voluptueusement de la démagogie et du nationalisme. Les mêmes enquêtes la présentent cependant nettement battue au second tour, avec cependant une marge plus étroite que celle de son père. Encore faut-il que, d’ici là, les dérèglements actuels ne s’amplifient pas. […]

On imagine alors trop bien la bataille entre un socialiste exsangue, un UMP déconsidéré ou improvisé, un centriste honorable et une Marine Le Pen toutes dents dehors. Cauchemar démocratique improbable ? Sans doute, mais plus impossible.

Libération

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