Occupy Central, l’organisation pro-démocratie la plus en vue, a rejoint la campagne de désobéissance civile, fer de lance depuis plusieurs semaine des étudiants.
La situation se tend à Hong Kong. Les manifestants pro-démocratie étaient massés dimanche devant le siège du gouvernement local, déterminés comme jamais à obtenir de Pékin davantage de libertés politiques grâce à une campagne de désobéissance civile de plus en plus tendue.
Après une semaine de manifestations animées par les étudiants en grève pour dénoncer la décision de Pékin de limiter la portée du suffrage universel, Occupy Central, l’organisation pro-démocratie la plus en vue, a décidé de se jeter officiellement dans la bataille.
Environ 1500 personnes étaient rassemblées dimanche devant les bâtiments qui abritent le siège du gouvernement et du conseil législatif de Hong Kong. Samedi soir, ils étaient d’après les estimations de l’AFP plus de 10.000. Nombre de manifestants avaient quitté les lieux en promettant de revenir après une douche et quelques heures de sommeil, mais la police a empêché des centaines de personnes de gagner la zone dimanche, suscitant la colère des participants.
La député pro-démocratie Claudia Mo a déclaré que cinq personnes avaient été arrêtées, dont trois de ses collègues au conseil législatif, pour avoir tenté d’apporter des haut-parleurs. La police avait indiqué auparavant que 74 personnes avaient été arrêtées.
Dans la nuit, les militants pro-démocratie s’étaient heurtés aux policiers antiémeutes armés de boucliers. Une majorité de manifestants portaient des ponchos en plastique et s’étaient enveloppé le visage de film alimentaire. D’autres arboraient des lunettes de protection de peur que la police ne fasse usage de gaz au poivre pour les disperser comme elle l’a déjà fait.
Depuis lundi, les étudiants de l’ancienne colonie britannique passée sous tutelle chinoise ont multiplié les manifestations, faisant même irruption vendredi au siège du gouvernement avant d’en être évacués par la police, parfois sans ménagement.
Les étudiants sont depuis plusieurs semaines le fer de lance de la campagne de désobéissance civile pour dénoncer ce que nombre de Hongkongais perçoivent comme une mainmise grandissante de Pékin sur les affaires locales.
Pour une « relance du processus de réformes politiques
Occupy Central, coalition dirigée par deux universitaires et un prêtre, menaçait pour sa part d’occuper et de paralyser Central, le quartier des affaires de la ville dont les gratte-ciel sont devenus l’emblème, et cette action devait initialement commencer mercredi 1er octobre. Mais devant la mobilisation estudiantine, il a décidé de devancer l’appel et a demandé à ses partisans de rejoindre le siège du pouvoir local, « comme point de départ » de son mot d’ordre d’occupation.
La Chine, à laquelle Hong Kong a été rétrocédé par Londres en 1997, a annoncé en août que le futur chef de l’exécutif local serait bien élu au suffrage universel dès 2017 mais que seuls deux ou trois candidats sélectionnés par un comité seraient habilités à se présenter au scrutin.
Occupy Central réclame « le retrait » de cette décision et « une relance du processus de réformes politiques ». « Nous exigeons que le gouvernement du chef de l’exécutif, Leung Chun-ying, présente au gouvernement central un nouveau rapport sur les réformes politiques qui reflète pleinement les aspirations à la démocratie du peuple de Hong Kong », a dit Occupy.
En cas de refus, le « mouvement s’intensifiera », prévient-il. « Notre but est de mettre à genoux le gouvernement », a lancé le leader étudiant Wong Hon-leung.
« Nous avons peur de la police », a expliqué à l’AFP Alex Wan, un vigile de 25 ans qui n’a pas bougé depuis vendredi. « Mais malgré la peur, je suis là car je crois en l’avenir de Hong Kong. Je veux une élection totalement libre pour notre peuple ».
Les manifestants s’organisaient apparemment pour durer. Des stands pour dispenser les premiers secours et des collecteurs d’ordures recyclées ont été installés tandis que eau, snacks et vêtements de protection étaient distribués gratuitement. Martin Lee, un militant vétéran, s’est dit « impressionné » par les étudiants. « Nous devons tous viser le but ultime, c’est-à-dire la démocratie pour les générations futures. Les jeunes y sont prêts et les adultes devraient s’y mettre aussi ».
Pour l’analyste Sonny Lo, cette campagne vient de marquer un tournant. « A partir de maintenant il va y avoir plus de confrontations, peut-être violentes, entre la police et les citoyens », a-t-il dit à l’AFP. Mais Pékin maintient sa position et il est difficile de voir une issue au conflit, a-t-il souligné.