L’économie mondiale est confrontée à une “combinaison toxique” de dette élevée et de faible croissance qui jette les bases d’un processus de désendettement douloureux, voire d’une autre crise, dont l’épicentre pourrait se trouver cette fois dans les pays émergents, selon un rapport d’experts publié lundi.
Contrairement à une idée répandue, l’économie mondiale est loin d’avoir pris le chemin du désendettement, a pointé le rapport de l’ICMB (International Center for Monetary and Banking Studies) sur l’économie mondiale, réalisé pour le Centre international d’études monétaires et bancaires.
Depuis la crise financière, le ratio de dette global rapporté au PIB, en excluant le secteur financier a continué de grimper pour atteindre de nouveaux sommets, ont pointé les auteurs de ce rapport. Selon leurs estimations, ce ratio a grimpé de 38% depuis le début de la crise financière, pour atteindre 212%.
Les auteurs de l’étude, qui incluent notamment Luigi Buttiglione, directeur de la stratégie au sein de la société de fonds alternatifs Brevan Howard, et Philip Lane, professeur d’économie politique à Trinity College à Dublin, ont mis en garde contre le cercle vicieux de la dette dans un contexte de croissance nominale modeste et de faible inflation.
La faible croissance économique rend en effet le processus de réduction de la dette plus difficile tandis que la dette, elle-même, exacerbe le ralentissement économique.
Dans ce contexte, le taux d’intérêt d’équilibre est appelé à se maintenir à des niveaux historiquement bas alors même que la capacité à contracter des emprunts sera sous pression si le taux d’intérêt réel devait se stabiliser au dessus de ce niveau d’équilibre.
Le niveau d’endettement est actuellement plus élevé dans les pays développés, où le ratio de dette par rapport au PIB a atteint 272%, que dans les économies émergentes, où il se situe à 151%.
Dans les pays développés, les auteurs du rapport notent une stabilisation depuis 2010 à un niveau proche des sommets historiques.
Aux États-Unis et au Royaume Uni, les ajustements ont notamment concernés les ménages et le secteur financier. Ce désendettement du secteur privé s’est toutefois accompagné d’une hausse de la dette du secteur public, et en particulier des bilans des banques centrales qui vont se poser comme un des défis de premier plan dans les années à venir.
Mais les auteurs de l’étude notent également une accélération de l’endettement dans les économies émergentes depuis 2008, en particulier en Chine.
“Bien que le niveau d’endettement soit plus élevé sur les marchés développés, la vitesse du récent processus d’endettement dans les économies émergents, et en particulier en Asie, est en effet une source d’inquiétude grandissante“, ont jugé les auteurs de l’étude.
(Merci à BA)