C’est un top 10 relativement étrange qui a été présenté par les autorités israéliennes, celui des dix prénoms les plus donnés en Israël au cours de l’année 2013.
Affirmant dans un premier temps que le prénom le plus donné était le prénom biblique Yossef, les autorités israéliennes ont dû rétro-pédaler suite aux révélations du journal Haaretz: c’est le prénom Mohammed qui aurait été le plus donné aux nouveau-nés au cours de l’année écoulée.
Un classement qui fait grincer des dents
Le journal Haaretz l’affirme : “les prénoms les plus donnés cette année aux nouveau-nés de sexe masculin n’a visiblement pas pris en compte les prénoms arabes”. Car Mohammed est le prénom donné à 1.986 bébés nés en Israël en 2013 et qui partagent ainsi le nom du prophète, passant donc devant Yossef qui lui aussi est un prénom répandu dans l’État hébreu.
Du côté des autorités israéliennes, on se défend de tout retrait volontaire du prénom Mohammed : “c’est une erreur et un malentendu, il n’y avait aucune intention politique”. “La liste visait à rassembler ‘des prénoms hébreux’, à l’occasion du nouvel an juif” explique la porte-parole de l’agence qui a publié cette liste des prénoms les plus donnés aux bébés. Elle confirme néanmoins un cafouillage : “il aurait mieux valu préciser dans la liste, par une astérisque, que les prénoms à consonance arabe avaient été laissés de côté”, concède Sabine Haddad.
Une “autre forme de racisme” ?
Dans son article pour le New York Times, la journaliste Judi Rudoren, basée à Jérusalem, n’hésite pas à condamner une “autre forme de racisme”, qui “semble aller de soi” en Israël. Ce que confirme de la même façon Hassan Jabareen, également cité par le NYT, qui estime que cet événement “met en lumière l’invisibilité des 1.4 million de citoyens palestiniens que compte Israël”. Hassan Jabareen est directeur d’Adalah, une organisation juridique qui vient en aide à la minorité arabe pour faire respecter ses droits au sein de l’Etat hébreu.
Et d’enchaîner : “à la télévision, en prime-time, on ne voit pas de présentateurs arabes, ils n’existent pas, chaque chaine a son spécialiste de l’actualité arabe, mais il est toujours juif, ce qui donne l’impression que les arabes sont des étrangers et qu’il y aura toujours besoin d’un médiateur entre eux et nous”. Adalah rapporte également qu’en 2011, seulement 6% des emplois de la fonction publique en Israël étaient attribués à des citoyens issus de la minorité arabe.
La minorité arabe en Israël représente 21% de la population, comme le rappelle le New York Times, principalement constituée de descendants de 160.000 Palestiniens restés sur leur terre après la création de l’État hébreu en 1948.
Que donne au final cette liste de prénoms de bébés une fois reconstituée ?
Mohammed – 1.986 bébés
Yosef – 1.173 bébés
Daniel – 1.088 bébés
Uri – 1.071 bébés