Signe d’une exaspération liée à la crise et à la pression fiscale en France, les centres des impôts sont aujourd’hui pris pour cible. Depuis septembre, les actes de vandalisme contre ces services se multiplient sur tout le territoire. Mais, fait nouveau, la violence est aujourd’hui montée d’un cran. On ne se contente plus du traditionnel dépôt de fumier devant les portes ou du «lâcher» de cochons dans les bureaux. Désormais, on brûle les locaux. Des destructions hautement symboliques au retentissement plus fort et qui revêtent une qualification criminelle.
L’incendie le plus spectaculaire est celui du centre de Morlaix (Finistère) le 19 septembre. […] Quelques jours plus tard, dans le Morbihan, un autre établissement a été pris pour cible. Le ou les auteurs ont tenté de détruire le centre des impôts de Questembert avec des pneumatiques enflammés entassés devant la porte d’entrée. L’incendie a été revendiqué par l’ARB, l’Argade résistance bretonne, un groupuscule indépendantiste. Le même sigle qui avait été découvert, quelques jours plus tôt, sur la façade d’un autre centre des finances publiques, celui de Pont-l’Abbé, situé à une centaine de kilomètres.
Ces saccages ou ces tentatives revêtiraient un aspect moins inquiétant s’ils étaient circonscrits à cette seule région. Mais la violence se répand et la Savoie est aussi touchée. Le centre des impôts d’Albertville a été en partie endommagé par un incendie en début de semaine. Début septembre, à moins de 30 kilomètres de là, le centre de Moutiers a failli aussi partir en fumée. Dans le même temps, les centres de Sarrebourg en Moselle et de Balma en Haute-Garonne ont reçu leur lot habituel de fumier…
«Autant d’attaques en si peu de temps, c’est véritablement inquiétant», souligne Richard Marin, secrétaire général du syndicat FSU Finances, en rappelant toutefois que les premières attaques ont démarré en début de cette année.[…]
Mais cette dernière salve, accompagnée d’une montée en puissance de la violence, est vécue cette fois comme une menace par les fonctionnaires. «C’est la première fois que l’on est ainsi pris pour cible», réagit Vincent Drezet, secrétaire général du syndicat Solidaires Finances publiques. Surtout, tous pensent que ces agressions pourraient s’inscrire dans la durée, car ce phénomène répond à un mal profond.
«Avec la crise, la pression fiscale, les gens sont à bout», relate Vincent Drezet. L’inquiétude est telle que le syndicat a écrit ce mercredi au premier ministre, Manuel Valls, pour lui demander «de toute urgence une audience sur la situation alarmante que subissent les agents»… «Le climat ambiant sape les fondements du “vivre-ensemble” dont les finances publiques et le service public sont les piliers», souligne Vincent Drezet dans sa missive. Toutes les organisations syndicales réclament aussi aujourd’hui une protection de leurs bâtiments. […]