Le recteur de la mosquée de Nanterre, Mohamed Boudjedi, a été condamné jeudi à trois ans de prison, dont 18 mois ferme, reconnu coupable d’avoir détourné des centaines de milliers d’euros destinés à la construction d’un nouveau lieu de culte.
Le tribunal est allé au-delà des réquisitions du parquet qui avait demandé deux ans de prison, dont six mois ferme, à l’encontre du religieux lors d’une audience le 11 juillet devant le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine).
Le recteur “a trahi la confiance” d’une partie de la communauté musulmane, a estimé la présidente de la 15e chambre, Isabelle Prévost-Desprez, dans son délibéré. Pour la magistrate, il “a sciemment détourné” 530.000 euros versés par les fidèles et par l’Etablissement public d’aménagement de la Défense Seine Arche (Epadesa) à l’Association islamique des religieux de Nanterre qu’il préside. L’Epadesa, qui s’était engagé à débourser un million d’euros pour financer le chantier, avait versé une première tranche de 250.000 euros. Les fidèles avaient donné 280.000 euros. Une partie de ces sommes s’était envolée sur un compte offshore à Chypre. Huit autres personnes ont comparu dans ce dossier. Un dirigeant de la société chargée des travaux, Novolis, a été condamné à trois ans ferme et placé sous mandat de dépôt.
Le président de la coordination islamique des Hauts-de-Seine, maître d’oeuvre de l’ouvrage, a écopé d’une peine de 18 mois avec sursis. Figure de la communauté musulmane du département, Mohamed Boudjedi a déjà été condamné en 2012 à 18 mois de prison, dont 12 avec sursis, pour abus de confiance après avoir détourné plus de 20.000 euros de dons. Le tribunal a révoqué jeudi ce sursis et le recteur écope donc de 12 mois ferme supplémentaires. A l’audience, l’intéressé a toujours soutenu ne pas avoir voulu commettre d’actes délictueux. “Je vis de l’argent des fidèles. Cela me sert pour la mosquée, pour moi, mes enfants”, avait-il déclaré à la barre, déclenchant le courroux d’Isabelle Prévost-Desprez. “Il a agi comme s’il était propriétaire de l’argent public et de l’argent des fidèles”, a dit la magistrate, s’interrogeant sur le train de vie du recteur, propriétaire d’une Jaguar, d’une Mercedes et d’une BMW.
Mohamed Boudjedi se voit interdire d’occuper toute fonction au sein d’une association pendant cinq ans. Il a dix jours pour faire appel de la condamnation.