Monseigneur Yousif Habash est l’évêque syriaque catholique des États-Unis et du Canada. Originaire de Qaraqosh, en Irak, il réagit à la situation des chrétiens de son pays, persécutés par les djihadistes de l’État islamique, et à la réponse militaire des pays occidentaux.
Nous ne devons pas mélanger les nations et les civilisations de façon absurde !
Votre famille est en Irak. Est-ce que vous avez des nouvelles ? Est-elle encore en vie ?
Je viens d’une petite ville au nord de l’Irak nommée Qaraqosh ; c’est une petite île dans un océan musulman. Tout le monde était chrétien, et tout le monde a été chassé. En moins de 24 heures, la ville a été vidée de ses habitants. […]
Que pensez-vous de l’intervention des pays occidentaux en Irak pour stopper l’avancée de l’État islamique ?
Vous savez, les chrétiens en Irak ou au Moyen-Orient n’ont pas besoin de la protection des Européens. Protégez-vous vous-mêmes ! Nous, nous savons comment faire pour gérer nos souffrances, mais vous, les Européens, vous êtes pauvres.
Vous ne savez pas comment les générations futures vont vous maudire. Ils vont maudire leurs grands-parents parce que les Européens, aujourd’hui, agissent sans sagesse vis-à-vis de leur nation et de son avenir.
S’ils veulent vraiment servir la paix et leur pays, ils doivent enseigner et aider les musulmans et les Arabes dans leur pays, et non pas en France. Nous pouvons construire un monde avec des nations indépendantes qui peuvent s’entraider, mais nous ne devons pas mélanger les nations et les civilisations de façon absurde.
Donc les populations menacées, persécutées, qui veulent fuir les violences doivent, en fait, rester dans leur pays ?
On peut créer des lois pour protéger les gens menacés dans leur pays. Je ne veux pas quitter mon village. Les gens de Qaraqosh veulent y rester.
On comprend que Paris est une ville de lumière, de luxure, de civilisation, de rêve…mais je n’en n’ai pas besoin ! Gardez la France pour vous ! Vous avez bien raison d’être français, d’aimer votre pays… et moi, j’aime mon petit village. Pourquoi me déplacer, pourquoi me chasser ?
Vous dites que vous voulez protéger nos villes ; non ! Si vous êtes vraiment justes, si vraiment vous aimez la paix, venez et bâtissez un régime de justice… Chacun reste là où il a été créé. J’aime mon village, laissez-moi ici. C’est là où je trouve ma joie. […]