Màj 2/10/2014 : « Migrations pour les nuls » : derrière le livre pédago, un tract politique
Cet expert des migrations, qui ne veut pas être nommé, vient de finir de lire « Les Migrations pour les nuls » de Jean-Paul Gourévitch (éd. First, septembre 2014). Il nous fait un rapide compte-rendu : des opinions du début à la fin, « toutes les thèses les plus extrêmes » relayées sans aucune distance, des concepts inventés. (…)
Polémia, « incubateur d’idées »
Jean-Paul Gourévitch est l’expert cité par Marine Le Pen quand elle parle du coût de l’immigration. Comme l’ont noté MetroNews et l’AFP, il a participé à des événements d’extrême droite comme les Assises contre l’islamisation.
La lecture attentive de son ouvrage confirme le problème : ce livre est un tract politique déguisé en ouvrage pédagogique.
D’abord, le nombre d’auteurs proches de l’extrême droite cités en référence est ahurissant : cela va du lobby MigrationWatch à Elena Tchoudinova (auteure de « La Mosquée Notre-Dame de Paris ») en passant par l’avocat Gilles-William Goldnadel, le criminologue Xavier Raufer, les théoriciens Renaud Camus, René Marchand ou Guillaume Faye. Les auteurs, qui représentent d’autres tendances, sont évacués plus rapidement. (…)
Défenseur des « Français de souche »
Plus embêtant, si c’est possible, l’auteur prend souvent la parole pour des « Français de souche » – expression typique de l’extrême droite – qu’il n’a pas interrogés. Dans ces moments, l’utilisation des mots « une partie », « certains », « souvent » est particulièrement habile :
« Ces prestations sociales qui peuvent rapporter beaucoup attisent la colère d’une partie des Français de souche qui s’estiment discriminés par rapport à des étrangers qui n’ont jamais travaillé en France. » (…)
Quel rôle ont joué les éditions First ? L’auteur m’explique que c’est lui qui les a contactées, tenté par l’idée de faire l’ouvrage d’une vie. (…) Seules infos dont on dispose : l’homme se situe politiquement à droite (son compte Twitter est politisé) et il est converti au catholicisme. Cet été, il avait prévu de sortir aux éditions Blanche le livre « Matin rouge » : il y aurait raconté l’histoire d’un homosexuel obligé de se marier à cause de la pression sociale de la gauche bienpensante. Finalement, il ne l’a pas écrit. (…)
11/09/2014 : Polémique sur le livre “Les migrations pour les nuls”
Est-il possible de confier la rédaction d’un ouvrage de vulgarisation sur l’immigration à un auteur souvent cité par l’extrême droite ? Les Editions First s’y risquent avec “Les Migrations pour les nuls” de Jean-Paul Gourévitch, en librairie aujourd’hui et déjà contesté par des spécialistes.
“J’ai voulu rassembler toute la documentation existante de la façon la plus correcte, précise et objective possible”, explique à l’AFP l’auteur, qui livre 400 pages où se mêlent lexiques, chiffres et digressions sur la prostitution, l’islamisation ou l’insécurité.
Ce docteur en sciences de la communication, auteur prolixe de livres sur l’Afrique ou pour enfants, est connu pour ses travaux sur les coûts de l’immigration qui lui ont valu d’être cité à plusieurs reprises par la présidente du Front national (FN) Marine Le Pen et son entourage. […]
Jean-Paul Gourévitch avait notamment suscité la polémique en 2008 en estimant le coût annuel de l’immigration pour la France à 36,4 milliards d’euros, un chiffre bien supérieur aux conclusions d’économistes de l’université de Lille ou de l’OCDE.
Dans “Les Migrations pour les nuls”, il revient longuement sur cette question et conclut à un “surcoût” de l’immigration de 8,9 milliards d’euros par an pour le budget de la France. Il s’interroge aussi sur la rentabilité des “investissements” liés à l’immigration, dans lesquels il fait figurer pêle-mêle l’aide au développement, la rénovation des quartiers sensibles ou les subventions aux associations antiracistes. “C’est un calcul impossible”, estime l’historien Benjamin Stora, nouveau président du Musée de l’histoire de l’immigration.
“L’immigration participe aussi du rayonnement de la France dans le monde, sur le plan de la culture, des affaires, de la diplomatie…” […]