Selon la dernière édition de la note d’information de la Banque mondiale sur les migrations et le développement, publiée le 06 octobre, “les envois de fonds officiellement comptabilisés” vers les pays en développement devraient atteindre 435 milliards de dollars en 2014, soit une hausse de 5 % par rapport à 2013. Une progression supérieure à la hausse de 3,4 % enregistrée en 2013, et qui s’explique en grande partie par l’essor des flux à destination de l’Asie et de l’Amérique latine.
Par Joël Té-Léssia
Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord, ces envois de fonds ne devraient connaître qu’une croissance modérée de 2,9 % cette année pour atteindre 51 milliards de dollars, et augmenter de 4 % en 2015 pour atteindre 53 milliards de dollars.
Une “dépression” liée à “la crise économique persistante et aux taux de chômage élevés en Europe”, estime l’institution basée à Washington.
Les transferts vers l’Afrique subsaharienne devraient eux atteindre 33 milliards de dollars cette année (+3,2 %) et 34 milliards de dollars en 2015 (+5 %).
Principaux destinataires
L’Inde et la Chine occupent de loin les premiers rangs des pays destinataires des fonds, avec un volume estimé respectivement à 71 et 64 milliards de dollars pour 2014.
En Afrique, les plus gros bénéficiaires sont le Nigéria (21 milliards de dollars), l’Égypte (18 milliards), le Maroc (6,8 milliards), la Tunisie (2,4 milliards), l’Algérie (2,1 milliards), le Sénégal (1,7 milliard), le Kenya (1,5 milliard), l’Afrique du Sud et l’Ouganda (1 milliard), le Mali (800 millions de dollars).
En pourcentage du PIB (2013), les principaux pays destinataires en Afrique sont le Lesotho (24,4 %), la Gambie (20 %), le Libéria (18 %), le Sénégal (10,7 %), le Cap-Vert (9,3 %), Comores (9 %), le Togo (7,8 %), Sao-Tomé-et-Principe (7,4 %), le Mali (7,2 %) et la Guinée-Bissau (5,3 %).
La Banque mondiale note par ailleurs que le coût moyen des envois de fonds a poursuivi sa tendance à la baisse au troisième trimestre 2014, pour se situer à 7,9 % de la somme envoyée, contre 8,9 % un an plus tôt. Cependant, le coût des envois de fonds vers l’Afrique s’est maintenu à un niveau élevé dépassant 11 %.
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Voyages désespérés
“En dépit des perspectives encourageantes sur le plan des envois de fonds, la situation de nombreux migrants est préoccupante“, rappelle toutefois la Banque mondiale dans un communiqué.
“Avec un nombre aussi important de personnes contraintes à émigrer contre leur volonté et bien d’autres qui entreprennent des voyages désespérés et dangereux, il est clair que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour rendre les migrations plus sûres et moins coûteuses en envisageant des mesures politiques qui soient viables économiquement”, note Dilip Ratha, économiste spécialisé dans les migrations et les envois de fonds des migrants au sein de l’institution internationale.