En 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen s’était retrouvé au second tour de la présidentielle, le contributeur du Nouvel Obs, Nicolas Jarsky était descendu dans la rue pour manifester son mécontentement. Douze ans plus tard, en proie à des difficultés personnelle, il se dit “écœuré” par la société et la montée du FN .
Quand le racisme, l’homophobie, l’intolérance sous toutes ses formes se banalisent et devient assumée en Une des hebdomadaires, pendant les repas de famille, les soirées entre amis ou les déjeuners sur nos lieux de travail, comment vouloir y croire ?
En 2002, j’avais 17 ans et l’avenir devant moi. Je me posais plein de questions, j’avais envie d’avoir plein de réponses.
À 17 ans, j’ai vu les gens descendre dans la rue pour s’opposer à la montée du Front national. Jeune lycéen, j’étais pétri d’idéaux et j’ai manifesté également. Aujourd’hui, ce parti dirige des villes, a des députés et des sénateurs, remporte les élections européennes.
À 17 ans, on m’a gravement expliqué qu’il fallait faire des études. Alors j’ai intégré une classe préparatoire, j’ai fait une “grande” école de management. Ensuite j’ai fait des stages, rémunérés une fois sur deux un tiers du SMIC, pas du tout rémunéré l’autre fois. Aujourd’hui, je traverse une période de chômage après avoir effectué 18 mois de CDD dans la même entreprise et m’être rendu compte que mon diplôme ne valait absolument rien. J’entends des ministres qui veulent augmenter le contrôle des chômeurs et qui veulent réformer ce système.
À 17 ans, on m’a aussi fait comprendre qu’il fallait vite se mettre en couple et fonder une famille. J’ai donc mis mon homosexualité de côté et j’ai attendu encore de nombreuses années, mal dans ma peau avant de pouvoir enfin m’assumer. J’ai perdu une partie de ma jeunesse.
Aujourd’hui, j’ai réussi à construire une relation amoureuse stable. Je vois des dizaines de milliers de personnes défiler dans les rues pour me condamner pour mes sentiments , mon comportement, mes aspirations à l’aide de slogans nauséabonds et je vois le monde médiatique offrir à ces gens une tribune, un droit de parole. […]
