“Je me présente, Mariam Touré. Je suis une Malienne qui vit depuis près de 3 ans en Tunisie. En quittant mon pays il y a quelques années, je souriais à l’idée de découvrir cette Tunisie dont tout le monde parlait.
Helas, la phase d’émerveillement passée, je me suis rendu compte que de l’autre côté du miroir se cachait une face plus sombre, plus lugubre: une société infectée par le racisme. Chaque jour passée en son sein est presque un calvaire, quand chaque mot, insulte, humiliation que l’on subit est un supplice, quand chaque regard haineux posé sur moi est un fardeau?
Au début, j’accusais l’ignorance, le non éveil des mentalités mais aujourd’hui, j’accuse les intellectuels qui sont au courant de tout ça mais ne mettent en place aucun moyen de les prévenir.
Que seriez-vous si du jour au lendemain je decidais de m’en aller, d’emmener avec moi les milliers d’euros [?! ndlr] qui permettent à votre économie de sortir la tête de l’eau ? Que seriez-vous si du jour au lendemain, mes frères et soeurs “Africains” faisaient la même chose et vous tournaient le dos? Que seriez vous si du jour au lendemain les éloges que j’ai une fois entendus sur vous devenaient des avertissements : “N’y allez pas. Ils n’en valent pas la peine”.
Ne prenez point mes mots pour une insulte. Prenez-les comme la rage d’une soeur qui compte les jours qui la séparent de la délivrance, partir et ne plus jamais en entendre parler. Partir et ne plus jamais penser à revenir.
Prenez-les comme les larmes d’une soeur qui se rend compte qu’ils ont réussi à nous séparer. Ils ont créé une tumeur intellectuelle, sociale: le racisme, l’ignorance, la haine pour nous diviser.
Extraits de Setal.net