Interview de Christophe Guilluy dans la Voix du Nord. Quelques extraits.
• La question identitaire est centrale. Ne pas la prendre au sérieux, c’est aller dans le mur. Le thème identitaire ne se substitue pas à l’économique ou au social, il s’y est ajouté. Les gens ne sont pas devenus méchants. Ils se protègent, recherchent un « entre-soi » rassurant.
• Les territoires qui marchent aujourd’hui économiquement sont les territoires les plus inégalitaires. Dans ces territoires, le clivage est aussi culturel : les bobos ont aussi des stratégies d’évitement pour mettre de la distance avec l’immigré. Ils mettent leurs enfants dans les écoles privées ou dans les bonnes écoles des bons quartiers et se retrouvent entre bobos. Il n’y a pas vraiment de mixité.
• Quand on se retrouve en situation de minorité culturelle, on se protège, on se regroupe. Le débat identitaire, il est universel, on le retrouve aujourd’hui dans des villages de Kabylie où s’installent des Chinois.
• Les gens se foutent de la gauche et de la droite. Il y a une désaffiliation totale avec les grands partis politiques de gouvernement, tel le PS ou l’UMP.
• Le temps des grands mouvements sociaux est dépassé. Mais on observe des radicalités sociales nouvelles. Le mouvement des bonnets rouges l’illustre bien. Personne ne l’a vu venir. Les syndicats ont été dépassés. C’est une colère destructurée qui vient de cette France des territoires oubliés, pas des banlieues des grandes métropoles.
• Le politique qui décide c’est celui des grandes villes. Or il est aveuglé par des mythes comme celui de la mixité sociale.