Le secrétaire d’État américain John Kerry a confirmé mardi à Paris un début de retrait des troupes russes d’Ukraine et de la zone frontalière, mais les combats entre séparatistes pro-russes et forces ukrainiennes se poursuivaient et ont tué sept civils à Marioupol (sud-est).
“Les troupes se retirent, l’équipement lourd doit encore être retiré et la frontière doit être contrôlée et sécurisée“, a déclaré M. Kerry à l’issue d’un entretien à Paris de plus de trois heures avec son homologue russe Sergueï Lavrov, soulignant qu’un “certain nombre” de conditions préalables à la levée des sanctions étaient en voie de réalisation.
Des sources du département d’État ont ensuite indiqué que M. Kerry faisait référence à un retrait de troupes de l’intérieur de l’Ukraine (où Moscou, qui dément son implication au côté des rebelles ukrainiens, n’a jamais reconnu avoir envoyé de soldats) mais aussi de la zone située côté russe de la frontière, ce qui confirme en partie les affirmations la veille du président Vladimir Poutine.
Ce dernier a en effet annoncé lundi avoir ordonné le retrait des troupes déployées depuis cet été pour des exercices à la frontière avec l’Ukraine, laissant espérer une accalmie entre les Occidentaux et les Russes, engagés dans leur plus grave confrontation depuis la fin de la Guerre froide.
“Les tirs autour de l’aéroport de Donetsk doivent cesser, les troupes et armes étrangères doivent être retirées et tous les otages libérés“, a également déclaré M. Kerry en soulignant que “la souveraineté doit être restaurée le long de la frontière entre Ukraine et Russie“.
“Ce sont les principales conditions réclamées pour la levée des sanctions“, a-t-il rappelé, alors que l’économie russe est au bord de la récession et que les sanctions ont fait plonger sa monnaie à des nouveaux records de faiblesse mardi face à l’euro et au dollar.
Il faut “relancer le dialogue politique“, a déclaré pour sa part le chef de la diplomatie russe Serguëi Lavrov lors d’une conférence de presse séparée, estimant que les accords de Minsk prévoyaient “toutes les mesures nécessaires pour le règlement de la crise“.
Mais il a aussi appelé les organisations internationales, Conseil de l’Europe, OSCE et ONU à “prendre l’initiative et assumer plus de responsabilité pour faire aboutir les enquêtes (…) sur les crimes commis au cours de la crise ukrainienne“, notamment le crash du Boeing malaisien (298 morts en juillet). “Il est évident que les autorités ukrainiennes ne font pas suffisamment d’efforts” afin de faire élucider ces crimes, a-t-il dit.
La rencontre parisienne Kerry-Lavrov précédait une rencontre entre les présidents russe et ukrainien Petro Porochenko et Vladimir Poutine vendredi à Milan, en présence de dirigeants européens.
Détente diplomatique, tension sur le terrain
Cette détente diplomatique contraste avec la tension persistante sur le terrain où les combats ont fait pendant les dernières 24 heures 14 morts, dont sept civils tués dans des bombardements en périphérie de Marioupol, un port stratégique sur la mer d’Azov, aux mains des Ukrainiens. Par ailleurs, l’armée ukrainienne a fait état de sept morts dans ses rangs dans l’est du pays, soit l’un des bilans les plus lourds depuis l’accord de Minsk le 5 septembre.
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