Jean Ziegler vient de publier « Retournez les fusils », une réédition, totalement remaniée, d’un ouvrage paru trente-cinq ans plus tôt (*). À 80 ans (il est né en avril 1934 à Thoune, dans le canton de Berne), l’auteur de “La Suisse lave plus blanc” se déclare toujours marxiste, communiste et… croyant. Extrait de son interview dans Le Point.
N’êtes-vous pas le dernier communiste, malgré tous les crimes commis en son nom ?
Je reste marxiste et communiste. L’idéal communiste n’a été incarné que dans la Commune de Paris. Le communisme est non encore advenu, c’est une utopie. C’est vrai, je me suis souvent lourdement trompé. Je le reconnais. Mais pour citer Jean Jaurès : “La route est bordée de cadavres, mais elle mène à la justice.”
Vous êtes marxiste et chrétien ?
Je crois en Dieu, mais je suis pour la dissolution du Vatican, cette cour médiévale ridicule, vraie insulte aux Évangiles.
Vous avez été député socialiste au Conseil national (Assemblée nationale) en Suisse. Vous avez longtemps appartenu au bureau de l’Internationale socialiste. Quel regard portez-vous sur les socialistes, notamment français ?
Je n’imaginais même pas que l’Internationale socialiste et le PS français pouvaient sombrer dans une telle déchéance ! Le grand projet du quinquennat de François Hollande, c’est le pacte de responsabilité, qui va permettre aux détenteurs du capital d’augmenter leurs dividendes et de licencier sans problème ! Parti et socialiste sont devenus des gros mots pour les classes travailleuses. Quant à François Hollande, c’est un pâle rejeton de Guy Mollet… Il est comme le lapin devant le serpent, tétanisé face aux banquiers. […]