Accusé d’être un stéréotype raciste, «Zwarte Piet», l’acolyte noir de Saint-Nicolas, subira cette année un lifting pour la première fois de son histoire, après des années de débats houleux et de menaces de morts pour les partisans du changement.
Bien que la tradition soit fermement ancrée dans le pays, un jugement du tribunal d’Amsterdam a précipité l’adaptation du physique du «Zwarte Piet». En juillet, les juges avaient qualifié «de stéréotype négatif» ce personnage traditionnellement affublé d’un costume médiéval clinquant, coiffé d’une perruque afro, et le visage peint en noir avec des lèvres rouges vif.
«Je pense que c’est le début du changement, que ça va continuer dans les années à venir car de plus en plus de gens sont d’accord pour adapter la tradition mais ça va prendre énormément de temps», assure à l’AFP Gabor Kozijn, auteur d’une étude sur le personnage pour le Centre néerlandais pour la culture populaire et le patrimoine immatériel.
A moins de deux mois de la fête préférée des petits Néerlandais, quand le soir du 5 décembre les cadeaux sont distribués, le débat est vif dans le pays. Les défenseurs de «Pierre noir» refusent d’admettre que la tradition est un stéréotype négatif.
La ville de Gouda, célèbre pour son fromage et où Saint-Nicolas arrivera le 15 novembre avec un bateau en provenance d’Espagne empli de cadeaux, a décidé d’ajouter de nouvelles couleurs. Le traditionnel «Pierre noir» sera accompagné de «Pierre fromage», au visage peint en jaune, et de «Pierre gaufrette au caramel», une sucrerie traditionnelle, au visage quadrillé de brun clair.
«Il n’y a pas de manière simple de trouver une solution à laquelle tout le monde peut s’identifier», a indiqué le maire de la vile, Milo Schoenmaker.
Dans l’émission de télévision «Le journal de Saint-Nicolas» sera présent cette année un «Pierre blanc», assurent les médias néerlandais, soulignant que des films pour enfants ont été adaptés.
Merci à renard31
Hitsoire du Père Fouettard (Zwarte Piet)
Me père Fouettard est probablement apparu au début du xixe siècle dans le folklore des Pays-Bas. À l’origine, saint Nicolas était seul ou accompagné par le diable. Dans l’Europe de l’époque, il n’existait que peu de différences entre le diable et un Maure. Il ne pouvait y avoir qu’un seul et unique Zwarte Piet.
Jan Schenkman écrit en 1845 St. Nikolaas en zijn knecht (« St. Nicolas et son serviteur »). Le père Fouettard y est décrit comme un page et est dépeint comme un homme portant des vêtements sombres associées aux morisques. Dans la version de 1850 du livre de Schenkman, son aspect se rapproche beaucoup plus de son apparence actuelle. Le serviteur devient d’origine africaine, mais n’a pas encore de nom. Dans les éditions ultérieures, il porte le costume de page. Le livre est encore imprimé jusqu’en 1950 et peut être vu comme le fondement de la tradition actuelle, même s’il reprend beaucoup d’idées et de coutumes anciennes.
Dans le livre Het Feest van Sinterklaas de 1891, le serviteur est nommé Piet. Jusqu’en 1920, plusieurs livres lui donnent d’autres noms, et son aspect varie considérablement lui aussi.
Selon une légende, saint Nicolas viendrait de l’Espagne maure. Suivant ce raisonnement, son serviteur viendrait également de cette région. Une autre explication serait les enlèvements perpétrés par des pirates d’Algérie et de Turquie le long des rivages à la recherche de chrétiens pour les vendre comme esclaves. Beaucoup d’enfants ont été effectivement enlevés sur les villes côtières et les îles.
Son origine peut également se situer dans le passé colonial de l’Europe de la seconde moitié du xxe siècle. Dans la perception européenne de l’époque, les Européens considéraient les Africains comme des assistants.
Polémiques
Depuis la mi-octobre 2013, le Père Fouettard fait l’objet de vives polémiques8. Effectivement, en janvier 2013, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies (UNHRC) reçoit des plaintes sur son site web de beaucoup de gens qui disent que « le Père Fouettard perpétue une vision raciste et stéréotypée du peuple africain et des personnes d’origine africaine qui apparaissent comme des citoyens de seconde zone. »
Suite à ces réclamations, le UNHRC a envoyé un questionnaire aux Pays-Bas où le « Zwarte Piet » est l’un de ses emblèmes. Quatre enquêteurs de la commission sont chargés de découvrir dans quelle mesure le gouvernement a impliqué la société néerlandaise, y compris les Africains dans le choix du Zwarte Piet et de Saint-Nicolas comme symboles culturels. La réponse du gouvernement néerlandais est attendue pour le mois de novembre 2013.
Suite à ces polémiques, une très grande partie de la population néerlandaise et de la population belge se mobilise vite pour apporter un soutien important au Père Fouettard9. En effet, un jour a suffit pour qu’une pétition demandant de garder le Père Fouettard ait plus d’un million de signatures et cela augmente toujours de façon importante.