C’est un livre qui va faire du bruit. “Bigmagouilles”, qui sort le 22 octobre chez Stock, regorge de détails croustillants et de témoignages inédits sur l’affaire Bygmalion, du nom de la société de communication qui a organisé les meetings de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2012.
La justice a déjà mis en examen trois responsables de l’entreprise (dont deux proches de Jean-François Copé) et trois cadres de l’UMP. Cette enquête est signée Violette Lazard, la journaliste qui avait révélé, en mai, dans “Libération”, le système de fausses factures mis en place à l’UMP, lançant l’un des plus gros scandales politico-financiers de la Ve République. Extraits.
“Ce vendredi 20 avril, Nicolas Sarkozy se rend en meeting sur des terres favorables, à Nice […]. Dans les coulisses du palais Nikaia, c’est un buffet de victoire qui attend le candidat et les VIP invités à trinquer avec le président à l’issue de son discours. Deux grandes tables ont été installées, l’une dans les coulisses et une autre dans la grande loge du candidat.
Un ingrédient a été agrémenté à toutes les sauces : la truffe. Tous les privilégiés invités ce soir-là à cette after de luxe s’en souviennent, car l’une des particularités de ce champignon hors de prix, même ceux qui n’en ont jamais mangé le savent, c’est son odeur entêtante et capiteuse.
Ça sentait la truffe dans tous les couloirs, se souvient un des membres de l’équipe de campagne de Nicolas Sarkozy. Je me suis senti très gêné… Je me suis même demandé si l’odeur n’allait pas jusque dans la salle, et quelle image ça allait donner de nous.”
Des dizaines d’invités déambulent entre les bouchées de brouillade d’oeufs et de spaghettis à la truffe. Les personnalités du parti et plusieurs membres du gouvernement, François Fillon, Jean-François Copé, Brice Hortefeux sont présents. Bernadette Chirac a fait le déplacement. Quelques people, Enrico Macias ou encore Didier Barbelivien, ont également répondu présent. Du champagne, du Ruinart blanc, a été débouché pour arroser ce cocktail de luxe.
Nous sommes nombreux à avoir halluciné ce soir-là, nous mangions de la truffe et buvions du champagne alors que nous n’avions pas gagné…”, commente, amer, un membre de l’équipe de campagne.
Coût de cette petite sauterie, qui a duré le temps d’un cocktail ? 5.460,90 euros, soit plus de 50 euros par tête pour un grignotage. […]
Ce jour-là, personne n’a rien dit, personne n’a moufté, commente Jérôme Lavrilleux, se rappelant ce buffet somptueux. Tous ceux qui aujourd’hui jurent haut et fort qu’ils ne savaient rien sur les dépassements des comptes de campagne, qu’ils n’ont pas compris que le train des dépenses s’était emballé, ils ont tous bouffé des pâtes à la truffe et bu du champagne. Ce soir-là, ils ne se sentaient pas gênés du tout.” […]