Addendum du 19/10/2014 : Au cœur de la « ferme des 1.000 vaches »
Rien ne semble devoir stopper le développement des fermes-usines en France. Après l’ouverture de la très controversée «ferme des 1.000 vaches» à Abbeville, c’est un autre projet, encore plus ambitieux, qui devrait voir le jour dans la Somme selon le Journal du Dimanche.Un établissement capable d’accueillir 250.000 poules pondeuses doit ouvrir ses portes dans quelques mois à Beauval dans la Somme, à 40 kilomètres seulement de… la ferme des 1.000 vaches.
Le projet, porté par Pascal Lemaire, un entrepreneur de 52 ans habitant la région et déjà à la tête d’un élevage de 18.000 volailles, vise à terme la mise en boîte de 400 millions d’oeufs chaque année. Objectif: alimenter le nord de la France et exporter vers l’Allemagne et la Belgique.
A cet effet, les poules seront réparties dans deux poulaillers géants de trois étages – un pour vivre, un pour se nourrir, un pour pondre- éclairés à la lumière artificielle.
Les associations de défense des droits animaux sont vent-debout contre un projet qui fait, selon elles, bien peu de cas du bien être animal. Et prévoient de déposer un recours lors de l’enquête publique réalisée avant l’acceptation du permis de construire. Comme elles l’avaient fait pour la ferme des 1.000 vaches. «Ces poules au sol ne sortiront jamais, cela entraînera des troubles importants. […] Elles partiront déplumés à l’abattoir. Sans parler des conditions sanitaires et des risques de salmonelles…», s’inquiète dans les pages du JDD Johanne Mielcarek, membre de l’association de protection animale L214.
L’entrepreneur défend lui une «alternative aux oeufs en cage» avec un espace de vie agrandi pour les volailles. Rapportées à la surface totale de la ferme, les poules disposeraient de 9m² contre 6 pour les poules élevées en plein air. «C’est le sens de l’agriculture de demain», note Pascal Lemaire. «On ne peut pas mettre toutes les poules en plein air. C’est la solution pour sortir de la crise et manger français le moins cher possible», ajoute-t-il.
«Ici dès que vous lancez quelque chose, il y a une opposition»
Avant de mettre au point sa «big farm», Pascal Lemaire a écumé de nombreuses fermes-usines en Italie, en Allemagne ou aux Pays-Bas. Il y acquière la conviction que ces établissements d’un nouveau genre représente le futur de l’élevage. Il regrette l’attentisme de la France dans le domaine. «Tous les systèmes grossissent, on ne peut pas être absent de ce nouveau marché alors que les pays voisins se développent. En Allemagne, il faut quatre-vingt-dix jours pour monter une telle structure; en France cela prend deux ans… Ici dès que vous lancez quelque chose, il y a une opposition», explique-t-il à l’hebdomadaire.
Pascal Lemaire a d’ores et déjà convaincu la Banque publique d’investissement et trois fond d’investissement picards de mettre 7 millions d’euros dans son affaire. Le plus dur sera de convaincre les riverains du bien fondé de son exploitation, face aux procès en élevage intensif et aux risques de pollution. Mais l’entrepreneur semble déjà disposer d’un argument imparable. Le projet pourrait créer 6 emplois directs et une vingtaine d’emplois induits dans une région qui, comme le rappelle le JDD, est sinistrée par la fermeture de l’usine Goodyear d’Amiens.
Et peut-être celle des 4.500 cochons?
Selon le JDD, la ferme des 1.000 vaches et celles des 250.000 poules sont loin d’être les seuls projets de fermes-usines en gestation dans l’hexagone. Ainsi, note l’hebdomadaire, à Heuringhem (Pas-de-Calais), le permis de construire d’une porcherie de 4.500 bêtes a été suspendu après un recours des habitants, tout comme à Saint-Symphorien, en Gironde, où un projet d’élevage de 11.000 cochons a été débouté. En revanche à Missé (Deux-Sèvres), la préfecture a donné en juillet son feu vert à un poulailler de 350.000 volailles. Encore plus qu’à Beauval…