Confronté à l’agressivité croissante des migrants installés à Calais, David un routier axonais, lance un appel de détresse au nom de sa profession.
« Quand on en parle autour de nous, on passe pour de gros racistes ! »
David est un solide gaillard. Au volant de son 38 tonnes, l’Axonais taille la route depuis bientôt vingt ans. Routier, il l’est devenu par vocation. Il y a quelques années, il a eu le coup de foudre pour une distance particulière : la Transmanche. « J’ai l’habitude de dire qu’on est moitié routier, moitié marin. »
Depuis cet été, pourtant, il a levé le pied sur l’Angleterre. Obligé de faire une pause pour préserver son intégrité physique et morale. Ce stress, il l’explique par la situation de plus en plus tendue entre les migrants qui campent à Calais et les chauffeurs routiers.
« J’ai connu Sangatte 1, cela fait longtemps que je vois des migrants dans le coin. Depuis quelques mois, ils deviennent de plus en plus agressifs. Ils sont prêts à tout pour passer de l’autre côté. »
L’événement déclencheur, David le situe lors de l’évacuation du camp des dunes, en juillet dernier. Ce jour-là, des centaines de migrants qui squattaient une jungle dans une zone industrielle sont évacués par les forces de l’ordre. Ils se retrouvent alors sur les routes. Plusieurs camionneurs sont pris à partie. David tente d’éviter la zone mais doit tout de même la traverser, à 3 heures, du matin pour embarquer sur le ferry.
« Je suis arrivé après la bataille mais c’était encore la folie : il y avait entre 200 et 300 personnes sur l’axe pour aller au port et seulement deux pauvres cars de CRS. Je me suis dit : si je me fais agresser, ils ne pourront rien faire ! Et c’est là que j’ai pris une pierre sur mon rétro. »
David n’a pas subi d’agression physique ni trouvé de clandestins dans son camion. Ce sont les deux choses qu’il redoute le plus. Et il a beau respecter toutes les consignes de sécurité – notamment stationner sur un parking sécurisé et attacher un cordon Tir autour de sa remorque – il ne se sent pas à l’abri d’une intrusion.
Pour éviter de s’arrêter à Calais, David a pris l’habitude de calculer son trajet au plus juste pour partir de Laon embarquer directement sur le bateau.
Si un passager parvenait tout de même à s’incruster dans son véhicule, le chauffeur risquerait une amende de 4000 livres sterling et le transporteur écoperait d’autant. Sans compter que la marchandise serait refusée par le client.
David a mis du temps avant de s’exprimer. « Quand on en parle autour de nous, on passe pour de gros racistes ! Mais moi je n’ai pas de haine contre ces gens. Je ne suis pas un mercenaire, ni un passeur. Juste un simple chauffeur routier qui demande juste à travailler. ”
Merci à evans