Les femmes noires sont le plus souvent invisibles dans l’espace public. C’est un échec de la culture française qui ne sait pas les inclure. Il y a une absence des noirs dans l’espace public français. Mais les femmes noires sont à l’intersection de deux discriminations: le fait d’être femmes, et le fait d’être noires.
Elles ne sont pas dans les films (Aïssa Maïga et Firmine Richard sont les seules comédiennes noires reconnues en France), elles ne reçoivent pas de prix (le seul César du meilleur acteur jamais remis à un noir l’a été à Omar Sy en 2012). Elles ne sont pas sur les couvertures de magazines non plus: en 2013, selon un calcul réalisé par Slate, seulement 5% des mannequins montrées dans Vogue étaient noires ou métisses; idem dans Glamour; 8% dans BE; 1% dans Grazia; 3% dans Elle. En couverture, c’était parfois zéro.
A la télévision, selon le baromètre CSA de la diversité, établi selon l’origine auto-déclarée (les statistiques ethniques sont interdites en France), on compte 16% d’individus «perçus comme non-blancs». Donc nécessairement moins de 16% de Noirs. L’Assemblée nationale ne compte que trois députées noires pour la France métropolitaine, George Pau-Langevin, Seybah Dagoma (toutes deux élues à Paris –la première fait partie du gouvernement) et Hélène Geoffroy (élue de Vaulx-en-Velin). […]