Addendum : Béatrice Mabilon-Bonfils présente la note du think tank “Différent” “Reconstruire l’école du vivre-ensemble”.
La société a changé, les élèves aussi.
Nous ne demandons pas comment faire respecter la laïcité mise à mal par quelques jeunes filles voilées trop visibles mais comment intégrer non pas des élèves abstraits sans appartenance ni culture mais bien des sujets nés dans une société multiculturelle.
Béatrice Mabilon-Bonfils, sociologue, se félicite que la ministre de l’Éducation nationale, Najat Vallaud-Belkacem, autorise le voile aux accompagnatrices scolaires et donc la possibilité de se revêtir d’un hijab, turban sikh, kippa, etc pour ces sorties.
Il faut bien admettre que la laïcité se transforme aujourd’hui en instrument d’agression des minorités, principalement aujourd’hui vis-à-vis de la minorité musulmane qui concentre à elle seule l’idée d’une crise du modèle d’intégration français.
Posée depuis les origines républicaines comme une forme supérieure de lien social, au service de l’émancipation, de la formation d’un esprit critique et de la promotion de valeurs universelles et neutres, la laïcité, accrochée aux grands textes fondateurs, procède aujourd’hui d’une nostalgie collective de réaction manifestant une forme identitaire majoritaire . Ce phénomène entretient un climat de suspicion et alimente la construction d’un “problème musulman”, dit islamophobie.
Une série de faits en atteste, : le projet reporté sine die du vote des étrangers non communautaires aux élections locales et européennes en constitue un marqueur fort, la chasse aux voiles aussi, la réflexion initiée sur la possibilité de porter un foulard à l’université en atteste tout dernièrement… même les manuels scolaires sont partie prenante.
Mais pourquoi, alors qu’il est simple aujourd’hui de ménager une offre diversifiée à la cantine, ce qui permettrait encore d’attirer les jeunes à l’école, faut-il automatiquement traduire cette demande de reconnaissance identitaire par un repli communautariste ? […]
Il est plus que préoccupant que les attachements identitaires puissent en France être combattus par le principe de laïcité , grâce à la fiction de sa propre universalité ; principe alors utilisé comme moyen d’hégémonie sur des minorités. La vraie question devrait être : en quoi la morale laïque est-elle aujourd’hui un obstacle à penser la cohabitation des cultures ?
