Dans une tribune intitulée “Pour l’amour de la France”, Alain Jakubowicz, Président de la Licra présente les conclusions des travaux des Universités de la Licra tenues au Havre du 17 au 19 octobre.
Le gouvernement allemand, confronté aux mêmes constats, vient de débloquer 30 millions d’euros pour un projet de cinq ans visant à lutter contre le racisme et l’antisémitisme. Qu’attend-on en France? Il n’est plus possible de nous contenter de grandes et belles déclarations. On ne rétablira pas le lien social sans s’en donner les moyens. Si le combat pour l’emploi est une priorité, celui pour le “vivre ensemble” en est l’une des conditions. Tout le monde doit y contribuer, du sommet de l’Etat aux élus locaux, du monde du travail aux associations, de l’école aux terrains de sport.
Les quatre constats:
1- Le communautarisme n’est pas une fatalité. Dans un sondage OpinionWay rendu public à la veille des Universités de la Licra, il apparaît que 92% des Français plébiscitent les valeurs républicaines et 82% disent n’appartenir à aucune autre communauté que la communauté nationale. […]
2- Le sentiment du “deux poids, deux mesures” alimente les tensions entre les communautés en aiguisant la concurrence mémorielle. Pour combattre ce fléau qui gangrène le débat public, il est nécessaire de sortir du piège de la revendication identitaire et de passer de la “mémoire révérence” à la “mémoire référence”. Les génocides n’appartiennent pas à telle ou telle communauté. […]
3- Les associations antiracistes universalistes ont du mal à se faire entendre. La société française a perdu sa capacité à s’indigner. Pour preuve, “l’annus horribilis” 2013-2014, qui a vu se succéder les insultes racistes qu’on croyait d’un autre temps à l’égard d’une Ministre, les incitations à la haine antisémite proférées devant des salles de spectacle combles, et les manifestations haineuses en plein Paris où l’on a crié “Juif la France n’est pas à toi”, sans grande réaction de la part du corps social. […]
4- Le racisme l’antisémitisme connaissent dans notre pays une croissance exponentielle […].
La Licra a lancé l’idée d’un Grenelle de la Fraternité. Lors de ses Universités, le Défenseur des droits Jacques Toubon a dit son soutien à ce projet. Il est temps de poser les vrais problèmes, sans candeur ni langue de bois, et d’arrêter un plan quinquennal avec des objectifs clairs et les moyens nécessaires pour les atteindre. Avant qu’il ne soit trop tard.
Pour que la France de nos enfants ne soit pas celle que leur prédisent ceux qui n’aiment pas la France.