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Une communauté a été fondée en Seine-et-Marne par Brann, un ancien taulard et SDF, pour redonner un toit et une activité aux sans abris. Témoignage de Franck, Théophile, Marcel et Rémy.

“Si les lois étaient appliquées, il ne devrait pas y avoir de SDF en France. Et pourtant, il y en a de plus en plus et de plus en plus jeunes.”

A l’orée des bois, la communauté n’est visible de personne. A l’écart, isolée. Il faut connaître le chemin de terre coupant la D225 à la sortie de Villebéon, en Seine-et-Marne, pour franchir les portes de ce qui, de prime abord, ressemble à un camping désolé. Des caravanes forment un arc de cercle. Des taules s’entassent. Des chiens aboient. Un groupe électrogène ronronne dans le silence de la campagne.

Ce jour là, Brann a réuni les septs résidents sous une ancienne serre aménagée en réfectoire. Celui qui se pose en chef de clan s’est installé en bout de table. Et attend. Des explications surtout. “Il est 11 heures et je vois devant moi quatre épaves de bols ayant servi pour le petit déjeuner. Quels sont ceux qui n’ont pas rangé le leur ? Il faut que quelqu’un tapine pour les autres ? Pas possible ici.

Face à lui, ceux qui étaient hier sans abris n’osent se justifier. Avec son franc-parler, ses bras tatoués et les imposantes bagues qui ornent six de ses dix doigts, Brann n’a pas besoin de hausser la voix. […]

Rémy, licencié de son emploi d’ostréiculteur en Bretagne et libéré de la drogue est désormais plein d’espoir. “Avec Brann, nous avons le projet de nous lancer dans le débardage à cheval dans les bois alentours.” Le jeune homme est impatient. La fierté de nouveau à portée de main. […]

Arrivé en mai, Théophile a eu un parcours radicalement différent. A 65 ans, il espère bientôt percevoir sa retraite. […] L’ancien chef d’entreprise a dû mettre la clé sous la porte après un contrat non honoré il y a trois ans. Avec de l’argent caché, il a racheté deux entreprises qui ont fait flop à leur tour. Ses filles pourraient l’aider financièrement mais il ne leur a pas parlé de sa situation. “Je suis sans doute trop fier pour cela.” […]

Marcel, 39 ans, ancien artisan est le dernier venu. “J’ai tout perdu du jour au lendemain, ma femme et mon emploi. On grimpe difficilement et on tombe rapidement… Personne dans ma famille n’a pu m’aider alors j’ai sollicité le 115 des Particuliers. Le 115, l’officiel, n’a rien eu à me proposer. Sans Brann, je serai encore à Valenciennes à loger dans une cave parmi les rats. Ce qui me fait le plus plaisir est d’être utile et de boire un bon café le matin. Le bonheur passe par ce type d’instants.” […]

Nouvel Obs

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