Le philosophe André Glucksmann vient de publier “Voltaire contre-attaque”, un plaidoyer pour réactiver l’universalisme des Lumières contre « la fièvre identitaire » européenne et la politique transformée en un « art réactionnaire ». Il s’inquiète de “l’enfermement national” qu’il estime suicidaire. Interview dans le Monde.
Quelques 20 00 Roms empêcheraient 60 millions de Français de respirer ? Beau symptôme de neurasthénie.
La France a toujours été une terre d’immigration, de mélanges et sa culture ouverte sur l’Europe. La recherche éperdue de racines brouillées est une maladie du XIXe siècle, elle a conduit aux pires catastrophes.
Deux cent cinquante ans après Voltaire, faut-il à nouveau « écraser l’infâme » ?
Il a toujours fallu résister à l’infamie. Preuve par le XXe siècle, Auschwitz, Hiroshima, le Goulag et le génocide des Tutsi. Le XXIe ne s’annonce pas joyeux. La barbarie, comme le bon sens chez Descartes, est la chose du monde la mieux partagée. Rien de ce qui est inhumain ne nous est étranger. Les tyrans laïques sont aussi redoutables que les religieux. […]
C’est à l’aune de la façon dont on traite les populations les plus faibles que l’on mesure le niveau de civilisation. Est-ce le sens de votre “éloge du mendiant” face à la “fièvre identitaire” ?
Oui. […] La France vit son identité comme malheureuse, elle choisit la fermeture. Les intellectuels des Lumières tablaient sur l’ouverture , parcouraient l’Europe et inventaient l’Europe et le monde, comme le faisait Emmanuel Kant. Rien ne sert de retourner à un passé qui n’a du reste jamais existé. […]
