Pour l’écrivain Philippe Besson, deux France se font concurrence en librairie, celle, “qui ferme les yeux sur les juifs qu’on envoie dans les camps” d’ Eric Zemmour, qu’il associe à Valérie Trierweiler, et celle, ” qui ne voit pas en l’autre un ennemi”, de Patrick Modiano, Prix Nobel de littérature, et d’Emmanuel Carrère.
Le succès d’Eric Zemmour montre qu’il existe des Français, pas mal de Français nourrissant la nostalgie d’une France chimiquement pure, sans étrangers, fermée à ses frontières, où le mari commande à sa femme, où le divorce ne se pratique pas, où l’avortement est clandestin, où les gamins prennent des raclées à coups de ceinturon, une France des années 30,
Si on en croit les tribunes, les exégèses, les commentaires, si on écoute la petite musique qu’on nous diffuse à longueur de journée, de journaux, deux livres, seulement deux, auraient rencontré un succès étourdissant, ces dernières semaines : celui de Valérie Trierweiler en septembre, celui d’Eric Zemmour en octobre. On nous fournit à satiété les chiffres de vente, on pointe les phénomènes, on glose. Loin de moi la volonté de contester ces succès : ils ne font aucun doute.
Il n’est pas interdit néanmoins de les mettre en balance avec deux autres succès, qui ne sont pas moindres : celui d’Emmanuel Carrère en septembre, celui de Patrick Modiano en octobre. Là aussi, les chiffres sont colossaux, vertigineux. […]
Le succès de Valérie Trierweiler reflète l’appétit des Français pour les arrière-cuisines, leur curiosité malsaine, celle qui s’exprime quand ils achètent Voici ou Closer. […]
Aujourd’hui, ils refusent aux femmes le droit de disposer de leur corps, aux homosexuels de disposer des mêmes droits qu’eux. Ils considèrent que le chômeur est un profiteur, que le fonctionnaire est un fainéant, que le gréviste est un preneur d’otage, que le musulman est un intégriste, que les étrangers sont trop nombreux, que les fils d’immigrés, pourtant français, ne sont pas de vrais français, pas de bons français. […]
Ils ont un rêve secret, un espoir encore inavoué, que Marine Le Pen prenne enfin les commandes. Qu’ils se rassurent, ils n’en sont plus très loin. […]