Fdesouche

C’est l’euphorie chez les militants anti-barrage de Sivens après l’annonce de la suspension des travaux par le président du Conseil général. Il est environ 20h45 en ce mardi 28 octobre et il vient d’apprendre que le président (PS) du Conseil général du Tarn, Thierry Carcenac avait annoncé sur la chaîne LCP qu’il allait mettre au vote vendredi la suspension du chantier lors d’une session plénière du département.

Une formulation alambiquée traduite par le sénateur Vert Jean-Vincent Placé sur Europe 1 comme  “une suspension sine die” du projet. C’est bien ainsi que les opposants locaux l’entendent : “Franchement, j’ai du mal à y croire, mais c’est trop beau, alors je veux y croire !” La liesse fait suite à la surprise chez ce jeune homme aux longs cheveux, vêtu d’un treillis couvert de boue, et qui occupe depuis plusieurs semaines une prairie située à quelques encablures du très controversé barrage de Sivens (Tarn).

Dans la ZAD (“zone à défendre”) du site de Sivens, occupée par une grosse centaine d’opposants, la joie est vite mêlée d’amertume. Car chacun sait ici que la suspension n’aurait probablement pas été annoncée sans la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, qui a succombé dimanche à une explosion de grenade au cours d’altercations avec les forces de l’ordre. “Pourquoi  a-t-on attendu le décès d’un jeune garçon pour en arriver là ?” s’interroge Claude, entrepreneur en BTP, qui habite non loin d’ici et donne un coup de main aux antis. “C’est ça, la France aujourd’hui ? S’il n’y a pas de mort, il n’y a pas de médias, et s’il n’y a pas de médias, les autorités ne font rien ?

Dérapage verbal

Pour Guillaume Cros, des Verts, la volte-face de Thierry Carcenac, révèle effectivement une trop tardive prise de conscience  : “Je n’ai pas compris pourquoi il s’est obstiné jusqu’ici. En réalité, il a eu bien des occasions de relâcher la pression et les a toutes laissées passer. C’est d’autant moins compréhensible que Monsieur Carcenac est plutôt une personnalité consensuelle.

Un tempérament qu’on a du mal à prêter au président de département après un dérapage verbal, dont les retombées, désastreuses, ont probablement hâté sa décision de suspendre le barrage : interrogé  sur la mort du jeune Rémi Fraisse, il avait en effet jugé que “mourir pour des idées […] est quand même relativement stupide et bête“. Stupide et bête, mais apparemment, pas inutile.

Nouvel Obs

Fdesouche sur les réseaux sociaux