Les frappes de la coalition internationale ont, selon les experts, davantage encouragé que freiné l’afflux de jihadistes étrangers en Syrie et en Irak, que l’ONU qualifie aujourd’hui de “sans précédent”.
“La perspective de combattre la coalition internationale, et surtout les Etats-Unis, contribue à attirer des jihadistes du monde entier”, déclare Romain Caillet, expert des mouvements jihadistes à l’Institut français du Proche-Orient.
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Quelque 15.000 combattants étrangers provenant de 80 pays se sont rendus depuis 2010 dans la région pour rejoindre des groupes comme l’Etat islamique (EI), soit “plusieurs fois” le total cumulé entre 1990 et 2010, met en garde ce document cité vendredi par le quotidien britannique The Guardian.
Ce chiffre de 15.000 avait déjà été évoqué en septembre par la CIA pour mesurer le nombre d’étrangers au sein du groupe EI qui compterait entre 20.000 et 31.500 hommes au total.
Erin Marie Saltman, analyste à Quilliam, un think tank de Londres, évalue même le nombre d’étrangers à “au moins 16.000” dont “beaucoup viennent d’Europe“, une tendance qui surprend et interpelle les spécialistes, selon elle.
“Il y a des exemples de combattants terroristes étrangers venant de France, de Russie et du Royaume-Uni qui combattent ensemble“, insiste le rapport rédigé par la commission du Conseil de sécurité des Nations unies chargée de surveiller l’activité d’Al-Qaïda.
Les services de renseignement français ont recensé près de 1.000 Français ou étrangers résidant en France s’étant rendus en Syrie ou en Irak. Scotland Yard parle d’au moins 500 Britanniques. La Belgique, l’Allemagne les Pays-Bas, le Danemark avancent également des chiffres représentatifs bien qu’assez flous.
“Personne ne sait combien de Russes sont partis: cela va de 300 à 2.500 personnes. Ils viennent du Daguestan, du Tatarstan, de Tchétchénie, ils viennent de partout“, souligne ainsi Alexeï Malachenko, expert à la Fondation Carnegie à Moscou. Selon lui, ce n’est pas l’argent qui sert d’aimant: “ils auraient pu gagner bien plus d’argent à Moscou. Ce sont des idéalistes, des fanatiques, qui croient au califat mondial comme nous avions cru au communisme. ” […]
Complément : carte publiée le 11 octobre 2014 par le Washington Post (source)