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Des flashcodes sur les tombes pour connaître la vie du défunt

L’accès à la biographie se fait grâce à un smartphone qui permet de scanner le code-barre placé sur la tombe. Il est donc réservé à une population initiée à l’informatique. En Angleterre, 15% des tombes sont déjà équipés de mémorial virtuel. La France est en retard…

Facebook vient d’annoncer la création d’une fonctionnalité « Legacy Contact », qui permet à un contact de confiance d’accéder au compte d’un utilisateur décédé pour transformer le profil en « mémorial » virtuel et, le cas échéant, récupérer les photos du profil et des archives des publications.

C’est la suite d’un processus amorcé en 2009, date à laquelle un ingénieur de Facebook avait proposé la première fonctionnalité de « mémorial » après avoir été confronté au décès d’un proche. Les millions d’utilisateurs décédés représenteront bientôt une part significative de l’ensemble des profils. Facebook ne pouvait ignorer cette problématique.

Nous avons constaté au cours des dernières années une réelle prise de conscience des enjeux concernant « l’héritage numérique ». Différentes questions se posent pour les proches lorsqu’une personne décède : comment changer la visibilité des profils sur les réseaux sociaux ? Comment accéder aux données stockées en ligne pour conserver des souvenirs du défunt ? Comment accéder aux sites administratifs et bancaires pour régler rapidement des formalités souvent très pénibles ?

Comment accéder aux « actifs digitaux » – photos, livres électroniques, musique numérique, crédits – possédés par le défunt ? Sur le plan éthique, il est très difficile de savoir, s’il ne l’a pas prévu explicite- ment, quelle partie de sa vie numérique le défunt voulait ou ne voulait pas transmettre.
Sur le plan juridique, de nombreux sites s’appuient sur des lois ou sur le texte de leurs « conditions générales » pour n’avoir aucune obligation quant à la transmission de l’accès, de données ou d’actifs numériques. Souvent, le site n’est même pas soumis à la loi du pays du défunt, ce qui complique encore les choses. Enfin, les procédures de récupération sont souvent laborieuses pour des raisons économiques.

La plupart des sites modélisent en effet leurs revenus en calculant la life time value de leurs utilisateurs, c’est-à-dire la somme actualisée de l’argent qu’ils vont rapporter tout au long de leur vie. Sans fonctionnalités spécifiques, la gestion des utilisateurs décédés ne rapporte donc rien !

La plupart des sites cherchent donc à en minimiser le coût. Facebook apporte certes des réponses à ces problèmes. Vous pouvez déterminer le degré d’accès que vous souhaitez confier à votre contact « héritier numérique », et définir à quelles données il aura accès, excepté les messages privés. Votre « héritier numérique » est juridiquement autorisé à utiliser votre profil et, sur le plan économique, il y a un intérêt pour Facebook à maintenir cette fonctionnalité.

Car votre page, devenue un mémorial, fait partie de la base monétisable de Facebook et continuera de générer du trafic long- temps après votre mort. On n’a pas encore inventé le terme de death time value, mais c’est bien de cela qu’il s’agit…

Des réponses insuffisantes

Du point de vue de l’utilisateur, cela n’est cependant pas suffisant. Créer un mémorial sur Facebook après ma mort ? Pourquoi pas ? Je peux aussi souhaiter qu’un proche accède à mon compte pour lire mes messages, comme on découvrait autrefois une correspondance cachée dans le tiroir d’un vieux secrétaire, ou avoir la garantie que mon compte sera supprimé.

La question de l’utilisation des données après la mort n’est en effet pas anodine. Pendant combien de temps Facebook utilisera-t-il ces données ? Sous quelle forme ? Qui pourra les utiliser si la marque ou la société Facebook disparaît ? Enfin, ce problème est loin de se limiter à Facebook et se pose pour tous les services que nous utilisons.

Il est logique que les géants du Web proposent de nouvelles options pour gérer la « mort numérique », mais les utilisateurs ne se contenteront pas de cela. Les dizaines d’identifiants et de mots de passe que nous utilisons autorisent l’accès à des données ou à des actifs avec, à la clé, une valeur économique, juridique ou sentimentale… Il faut des solutions permettant aux utilisateurs d’en conserver le contrôle intégral.

Le Monde

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