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En dénonçant “la vision complotiste” du “grand remplacement”, la patronne du FN affiche son refus de se radicaliser davantage sur l’islamisme et l’immigration.

(…) “Le concept de grand remplacement suppose un plan établi. Je ne participe pas de cette vision complotiste.” Cette sentence de Marine Le Pen dans l’interview qu’elle a accordée au Journal du dimanche est loin d’être anodine. En s’exprimant ainsi, la patronne du FN affiche son refus de se radicaliser davantage sur les questions de l’islamisme et de l’immigration, comme l’y poussent certains de ses électeurs d’extrême droite plutôt exaltés proches des identitaires.

Une façon d’essayer de gagner en respectabilité et de rassurer ceux parmi les électeurs issus de la gauche qui pourraient basculer vers le FN. “Marine Le Pen ne veut pas ajouter de l’huile sur le feu en cette période trouble. L’objectif n’est pas de diviser davantage les Français mais de les rassembler”, explique un proche de l’ex-candidate à l’Élysée. Voire ! En réalité, la réponse de Marine Le Pen est en trompe-l’oeil : pour le FN, le “grand remplacement” a commencé en France… Et ses lieutenants dédaignent les précautions oratoires.

“Inversion des flux migratoires”
Le “grand remplacement” ? Il s’agit de la disparition en France du peuple blanc, européen et de tradition catholique au profit de populations noires, arabes et musulmanes, une théorie élaborée par le penseur d’extrême droite Renaud Camus. “Pire que la guerre de Cent Ans, cette crise (le grand remplacement) est la plus terrible que notre peuple ait eu à affronter”, répète Camus en accusant pêle-mêle les juges, les journalistes, les hommes politiques d’appartenir au camp des “remplacistes”. Âgé de 68 ans, cet ex-militant homosexuel membre du PS s’est exprimé en faveur du FN en 2012.

Certes, Marine Le Pen est loin d’être sous l’emprise de Camus. Pour la dernière présidentielle, la patronne frontiste plaidait pour une réduction de l’immigration légale à 10 000 entrées par an, tandis que l’écrivain exhorte à l’inversion des flux migratoires avant que “ne s’achève la colonisation de peuplement de notre pays”. Si Marine Le Pen refuse de faire sienne cette expression du “grand remplacement”, c’est parce qu’elle ne souhaite pas laisser entendre que le FN serait adepte de la théorie du complot et qu’il pourrait partager une conception racialiste du monde. Elle préfère se concentrer sur la dénonciation du phénomène de “l’immigration massive”.

(…) Depuis plusieurs semaines, une vague de courriers déferle au QG de Nanterre (Hauts-de-Seine) pour se plaindre d’une ligne frontiste trop molle sur l’immigration et l’islamisme. Et un cadre frontiste de crier au complot : “Des militants radicaux emmenés par le blogueur FdeSouche et les identitaires font pression sur nous pour radicaliser le parti.” À force de multiplier les clins d’oeil à la gauche et à l’extrême gauche, Marine Le Pen finit par mécontenter sur sa droite.

Le Point

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