Le Monde.fr | 06.11.2014
(…) il est seulement invité par la délégation UMP de Grande-Bretagne, mardi 4 novembre, à présenter et à dédicacer son pamphlet lors d’une réunion publique. (…)
L’accueil est chaleureux. (…) Les cadres de la City, qui composent largement l’assistance (…) ne ressortiront pas forcément conquis par l’orateur deux heures plus tard.
(…) L’UMP voudrait lui faire dire que la France déclinante devrait prendre modèle sur l’Angleterre thatchérienne qui « a su faire des choix douloureux ». Le pamphlétaire balaie avec mépris le parallèle :
« Ce n’est pas le modèle économique de la France, c’est son âme qui est atteinte. »
Ses hôtes le trouvent trop tendre avec François Mitterrand et se raidissent quand il date de la présidence Sarkozy la véritable déliquescence du politique. Surtout, ils lui reprochent son hostilité à l’égard du libéralisme, qu’il qualifie péjorativement d’« anglo-saxon ». « Les grands moments de l’histoire correspondent aux moments où l’Etat détient le pouvoir économique. Le libéralisme, c’est aussi l’absence de frontières, c’est l’immigration », tonne l’orateur, visiblement agacé que Gaspard Koenig, ancienne plume de Christine Lagarde et vice président du parti libéral-démocrate français, ose critiquer son livre.
(…) De la salle fusent aussi des doutes et des inquiétudes : « La France en ruines, vraiment ? N’êtes-vous pas excessivement pessimistes ? »,
« Prévoyez-vous une guerre civile ? La paix, c’est pas mal aussi ! ». La riposte est glaçante : « Les pacifistes finissent collabos ! ».
M. Zemmour préparerait-il son entrée en politique ? Le conférencier flaire le piège : « Avec ce livre, j’ai l’impression de faire plus de politique que la plupart des hommes politiques », assène-t-il. Le futur chaotique et suicidaire qu’il promet à la France provoque d’autant plus le malaise que le prophète de malheur ne propose aucun remède. « Où sont vos propositions ?, questionne un père de famille expatrié de longue date.