«On a plus de pouvoir d’achat». Les femmes de chambre du Royal Monceau et du Park Hyatt Paris-Vendôme ont réussi à arracher cet automne de meilleurs salaires après avoir secoué le monde feutré des palaces parisiens par des grèves inédites.
Au bout de 35 jours de grève, femmes de chambre, gouvernantes, valets, équipiers, cuisiniers, serveurs, barmans et plongeurs du Royal Monceau ont voté la fin du mouvement jeudi et repris le travail dès vendredi, après avoir obtenu une augmentation de leurs salaires de 3% à 6%.
La désignation par la justice d’un médiateur fin octobre a permis de trouver une issue au conflit qui s’éternisait.
«On s’est battu durement pendant un mois et on a tenu. Cela a été un conflit très dur, mais notre rapport de force a payé. Nous n’avons pas obtenu la totalité de ce qu’on voulait, mais on a plus de pouvoir d’achat», a assuré à l’AFP Chafikha Gherabba, femme de chambre et élue CGT au comité d’entreprise.
La direction du palace s’est félicitée d’un accord de fin de conflit «à la satisfaction de toutes les parties concernées».
Les grévistes ont obtenu une augmentation de 22 à 103 euros par mois, selon les métiers. De plus, une prime annuelle de 150 euros sera accordée aux équipiers pour l’installation de mobilier à la demande et 6,5 euros pour chaque lit supplémentaire effectué par les femmes de chambre et les valets. Pour tous, la mutuelle sera prise en charge à 60% par l’employeur, au lieu de 50% actuellement.
Au départ, la revendication portait sur une hausse du taux horaire de deux euros, soit une augmentation mensuelle autour de 300 euros, une prise en charge de la mutuelle à 70% par l’employeur et une diminution de la cadence de travail.
Pour les grévistes, le palace, qui appartient au groupe qatari Katara Hospitality, a largement les moyens. Une nuit dans la suite présidentielle du Royal Monceau, qui fait partie depuis un an du club très fermé des palaces, peut coûter jusqu’à 25.000 euros.
En ce qui concerne les conditions de travail, «la direction n’a rien lâché sur les cadences, mais s’est engagée à remplacer tous les salariés en congé, maladie ou formation», indique Didier Del Rey de la CGT commerce.
Le mouvement de révolte des «petites mains» de l’hôtellerie a débuté il y a deux ans à Suresnes (Hauts-de-Seine), par un premier mouvement dans un hôtel Campanile du groupe Louvre Hôtels.
Vingt-deux femmes de chambre pour la plupart mères de famille et immigrées d’Afrique, étaient payées à la chambre par l’entreprise sous-traitante. Une organisation du travail entraînant des cadences infernales et des heures supplémentaires non payées.