La situation des stocks de poissons des mers européennes reste très fragile. Et il faut encore appliquer des quotas de pêche prudents en 2015 afin de les reconstituer affirment les scientifiques.
Un bon graphique vaut mieux qu’un long communiqué. Adage appliqué par l’Association française d’halieutique (AFH). Le moyen qu’ont trouvé les spécialistes es stocks de poissons —c’est le sens du mot halieutes— pour s’exprimer de manière indépendante des commissions diverses où ils siègent comment experts et qui sont parfois soumises à des pressions gouvernementales.
L’AFH a été créée à cet effet en 1994. Elle regroupe aujourd’hui plus de 200 scientifiques issus de disciplines et d’organismes divers : Ifremer, IRD, Agrocampus Ouest (ex Ensar), CNRS, Inra, Irstea (ex Cemagref) Onema, Université de Nantes, UBO, organismes de recherches francophones, etc.
Le graphique présenté ci-dessus est leur dernier message destiné au grand public, qui participe, consciemment ou non, par l’intermédiaire d’ONG qui militent pour l’environnement souvent, aux marchandages entre Etats de l’Union Européenne pour la gestion des stocks de poissons visés par les pêcheurs. Il synthétise les études menées par les spécialistes des pays de l’UE dans le cadre du Ciem (Conseil international pour l’exploration de la mer).
Une partie (12%) des 144 stocks de l’Atlantique (y compris Manche et mer du Nord) étudiés se porte mieux et permet une légère hausse des quotas. Parmi ces stocks en bon état le hareng, le sprat, la plie et l’églefin de mer du Nord ou la sole de Manche Ouest… Au total, ces 17 stocks représentent un potentiel de l’ordre de 936 000 t, soit presque la moitié (47%) des captures sous quotas dans la zone considérée. C’est une «bonne nouvelle», insistent les scientifiques, car cela montre que la politique de restriction volontaire des prises porte ses fruits avec le temps.
Toutefois, cette bonne nouvelle ne peut masquer d’autres signes inquiétants. D’abord les nombreux stocks qui ne montrent pas d’améliorations. Et ensuite, les stocks très mal connus, dont les poissons des eaux profondes, dont la biologie reste un mystère et qui ne sont donc pas gérés de manière responsable et durable, mais exploités sans souci du long terme.
Rendement maximum durable
Du coup, les recommandations des scientifiques proposent des quotas 2015 en augmentation pour 26 stocks, stables pour 49, et en diminution pour 49 autres.
«Tous stocks confondus, les captures recommandées pour 2015 sont en diminution de 5,6% par rapport à celles de 2014. Cette diminution a deux origines. Pour partie, elle découle de la mise en œuvre de mesures de gestion plus rigoureuses, notamment avec l’entrée en vigueur des principes de gestion au RMD. Mais pour une autre partie, la baisse des quotas de pêche recommandés traduit une situation qui se dégrade, avec des biomasses et donc des potentiels de capture en diminution pour certains stocks», précise l’AFH.