« Da materiam splendescam » – « Donne-moi les moyens et je resplendirai » – c’est la devise du 2e dragons, le premier régiment dans lequel a servi Pierre de Villiers. Au moment où elle est engagée sur trois fronts, où les crédits de la Défense sont sous pression et alors qu’elle doit encore supprimer 25.800 postes, l’armée française a-t-elle encore de quoi resplendir ? « Oui » répond son chef d’état-major en cette veille du centenaire de l’armistice de la grande guerre, même s’il ne nie pas l’ampleur du défi.
En cette veille du 11 novembre, l’armée française a-t-elle le moral ?
La commémoration du 11 novembre est tout à fait singulière cette année, et j’y attache une attention particulière. Début septembre, nous avons organisé une journée « Cent Villes, Cent Drapeau et Cent Héros » pour commémorer le centenaire, et plus particulièrement la transmission des valeurs militaires entre le poilu d’hier et le soldat d’aujourd’hui : le courage, la fraternité d’armes, la cohésion, le sens du sacrifice. Ces valeurs qui, finalement, ont traversé ces années, constituent le socle du moral. Le moral des armées est excellent en opération, il est à surveiller dans le temps de paix car nous menons une profonde transformation. La vie quotidienne aujourd’hui dans les armées n’est pas toujours facile.
Il reste encore 25.794 postes à supprimer de 2015 à 2019. Est-ce possible sachant que vous doutez que l’on puisse faire partir 1.000 départs officiers cette année ?
Bien sûr qu’on peut y arriver. On le doit. Nous allons tirer les enseignements de cette année durant laquelle nous aurons supprimé 7.500 postes. Un millier d’officier, c’est trois fois plus que ce que l’on a fait en 2013. C’est un énorme effort. Je ne peux pas forcer les gens qui ne le souhaitent pas à partir. Il faut adapter nos incitations au départ pour offrir des conditions de reconversion acceptables. La réforme des ressources humaines est une partie très importante de ma responsabilité puisqu’on touche aux hommes et aux femmes des armées qui sont exceptionnellement dévoués et qui obtiennent des résultats incroyables en opération. La facture est très importante. Ce qui est clair, c’est que nous ne ferons pas ces déflations d’effectifs sans restructurations, sans transfert d’unités, sans dissolutions….