Le parti socialiste réalise aujourd’hui que la perte du vote musulman lui a coûté cher aux dernières municipales. La section roubaisienne vient de mettre en place un groupe de réflexion sur le sujet.
Officiellement, on ne parle pas du vote musulman au PS de Roubaix. Juste du rapport entre « appartenance religieuse et engagement politique ». À la dernière assemblée générale de la section socialiste, l’invité est l’ancien maire de Tourcoing, Jean-Pierre Balduyck. Lui n’est pas musulman, mais catholique. Il raconte comment il a concilié son engagement à la JOC (jeunesse ouvrière chrétienne) avec ses opinions politiques. « Je n’étais pas toujours à l’aise au sein de l’Église, avec mes convictions de gauche. Et au PS, j’étais vu comme le catholique, et donc comme le copain des patrons ! », raconte-t-il.
Ce thème est-il prioritaire à Roubaix, ville la plus pauvre de France ? Sur les réseaux sociaux, certains ironisent. « J’aurais préféré un sujet sur l’emploi, le logement, la propreté », raille sur Twitter un membre du mouvement politique concurrent de Nous, c’est Roubaix.
« On peut être socialiste et être contre le mariage pour tous »
Mais le sujet n’a pas été choisi de manière innocente. D’ailleurs, il rencontre un écho au sein de la section. Les questions fusent. « Est-ce que, si on est musulman, on peut s’opposer au mariage pour tous sans être mis au ban du parti ? », interroge l’un d’eux. « Il y a une différence entre être opposé au mariage gay et être homophobe ! », enchaîne un autre militant. Marjolaine Pierrat-Feraille, conseillère municipale d’opposition, acquiesce : « On ne peut pas être homophobe et être socialiste. En revanche, j’estime qu’on peut être contre le mariage pour tous en étant pleinement membre du PS. Il peut y avoir des débats », scande-t-elle.
Lors du vote du texte sur le mariage gay, tout opposant était vite assimilé à un homophobe. Mais au PS de Roubaix, on veut donner des gages aux militants de confession musulmane, et à travers eux, à l’électorat musulman. Mehdi Massrour, le secrétaire de section, annonce même la création d’un groupe de travail sur la question. « Est-ce qu’un croyant devrait forcément voter à droite ? », s’interroge-t-il. Le conseiller général de Roubaix-Est a encore en mémoire la dernière élection municipale. « C’est vrai que ça a joué, analyse-t-il. Le mariage pour tous, la théorie du genre, on n’a pas arrêté d’en entendre parler, et pas seulement chez les musulmans. On ne l’a pas vu venir, mais c’est sans aucun doute une des causes de la défaite. » Et le PS ne veut pas revivre ça en 2020.”
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