Le commerçant a été brièvement placé en garde-à-vue, et estime que la situation n’a pas évolué rue du Commandant-Audibert à Alès.
“Depuis l’article de Midi Libre, la situation n’a pas changé, témoigne Laurent Lopez, le patron du tabac-presse de la rue du Commandant-Audibert, au contraire ça a empiré. Mardi dernier, les jeunes m’ont caillassé la boutique. J’ai appelé la police qui est intervenue rapidement, mais n’a attrapé personne.”
Excédé, le commerçant décide de passer à l’action. “Mercredi, j’ai pris un pistolet d’alarme et je suis allé les voir. Je voulais savoir qui m’avait caillassé. Ils ont détalé.” Le commerçant justifie sa position :
“Je suis à bout. Parfois, ils se mettent devant ma porte et me menacent. Ils me répètent, “on va t’égorger, et on va violer ta femme”. Du coup, je suis un peu tendu. Quand je fermais j’avais mon arme avec moi, mais là, les policiers me l’ont confisquée pour destruction.”
Repéré par les caméras de vidéoprotection de la ville, Laurent Lopez a été convoqué lundi 10 novembre au commissariat. Il a été placé en garde à vue.
“Je ne suis pas un habitué de tout ça. Les policiers ont relevé mes empreintes, on a prélevé de l’ADN, et on m’a même pris en photo. Au bout de quatre heures, j’ai été relâché. On m’a remis une convocation pour le tribunal correctionnel en janvier prochain.”
Dépité, l’homme ne se cherche pas d’excuses. “J’ai réagi à chaud. Mais ici, rien n’a bougé. J’ai préparé un dossier complet que je vais remettre au procureur de la République.” Le patron désigne ses doigts : “J’ai encore de l’encre pour les empreintes partout. C’est moi le criminel maintenant ! Les seuls qui sont venus me voir, ce sont les gens du Front national. Ils voulaient que je prenne la carte, mais moi je crois plus à la politique. En plus, je n’ai rien contre personne. Je suis commerçant, je sers tout le monde. Moi, je n’ai aucun problème avec ça.”
Les jeunes du Parti communiste avaient aussi lancé une initiative. Une réunion devait être organisée dans le quartier, et la presse invitée. “Ils avaient distribué des tracts dans les boîtes aux lettres du quartier suite à la parution du précédent article. Ils préconisent l’ouverture de terrains de sport et de salle de loisirs. C’est n’importe quoi, le problème du quartier, c’est le trafic de drogue. Qu’est ce que ces jeunes iraient faire sur un terrain de sport ?”, interroge Laurent Lopez. Quelques petits cailloux frappent la devanture. “Ça continue. Ça va être l’heure de fermer. C’est toujours un moment tendu.”