« Quantifier » l’employé jusqu’au nombre de pas qu’il fait dans la journée, c’est ce que certaines assurances et entreprises américaines imposent. Les salariés portent sur eux des compteurs de mouvements pour mesurer leur activité physique.
Beaucoup utilisent des applications de ce genre sur smartphone, ou des gadgets dédiés, tels que FitBit ou Jawbone. Ces appareils, à première vue ludiques, comptent le nombre de pas effectués par l’utilisateur dans la journée, la distance parcourue et peuvent même à peu près compter le nombre de calories brûlées ou la pression artérielle…
Aux États-Unis, pas moins de 13 millions de ces appareils ont été distribués dans des entreprises, les données étant récupérées par l’employeur… et les assureurs. Ce sont d’ailleurs les assurances santé qui tentent d’imposer ces outils de flicage aux entreprises, sous peine de pénalité de cotisation ou de remises pour ceux qui les utilisent.
Les bracelets connectés et autres trackers d’activité pullulent désormais sur le marché. Ils équipent de plus en plus d’utilisateurs heureux de pouvoir suivre leur activité physique et les résultats de leurs pratiques sportives. Or leur usage n’est déjà plus seulement personnel…
Mouchards pour les uns, outils de personnalisation pour les autres, ces appareils font évoluer le traitement des assurés et facilitent en tout cas le traitement des litiges en cas d’accident. Ils peinent pourtant à s’imposer en France où les associations de consommateurs font barrage pour défendre les libertés individuelles.
Dépassé le problème éthique que constitue le fait de mesurer chaque mouvement de l’employé, patron et assureur s’accordent vite sur l’intérêt de ce système. Quantifier le travailleur jusqu’au bout de sa pression artérielle, c’est identifier les potentiels « problèmes » d’arrêt maladie, c’est ainsi optimiser la productivité pour les patrons, et minimiser les frais pour l’assureur. Et tant pis s’il y a de la discrimination.
Ainsi un employé qui a refusé de ce soumettre à cette surveillance, s’est fait tout simplement licencier, pour la simple raison que l’employeur aurait du payer une pénalité à son assureur de 50 dollars par mois. Le salarié a tout de même gagné son procès, le tribunal ayant estimé sur la base du droit du travail américain, qu’on ne pouvait rendre obligatoire ce genre de programme et qu’il devait se faire sur la base du volontariat.
Et comme aux États-Unis certaines mauvaises idées sont parfois poussées à leur paroxysme, des employeurs, comme Biosyntrx, ont estimé que cela motiveraient encore plus leurs salariés si toutes ces données étaient rendues publiques, avec le nom de chaque employé, un peu sous la forme d’un concours.
- Ce genre de programme fait clairement débat aux États-Unis. « Quantifier » l’employé est-il réellement bon pour sa santé ? Est-ce que cela le rend plus productif? Sur ce sujet précis lire (en anglais) l’analyse de FastCompagny.